La demande d’inscription sur les listes électorales déposée par Karim Wade au consulat du Sénégal au Koweït a été rejetée.
La direction générale des élections a appliqué l’article L31 du code électoral qui stipule notamment qu’un individu condamné à une peine de prison de 5 ans ou plus ne peut devenir électeur.
Et il est impératif d’être électeur pour être éligible, donc pour se présenter aux élections.
Karim Wade est hors course ou non-partant, comme on voudra. Il lui reste 15 jours cependant pour déposer une réclamation au niveau du consulat du Sénégal au Koweït.
Ce serait un baroud d’honneur, rien de plus. Voilà le PDS (parti créé par Abdoulaye Wade, père de Karim) sans candidat pour la présidentielle de du 24 février 2019.
En effet, contre toute logique politique, le PDS avait choisi Karim Wade comme candidat alors que tout le monde savait qu’il ne pouvait se présenter. Si par extraordinaire il avait figuré sur les listes, sa candidature serait rejetée par le Conseil Constitutionnel car l’homme est un repris de justice qui ne remplit pas les conditions pour redevenir électeur.
Il s’y ajoute qu’il doit payer une amende de 138 milliards de francs CFA (environ 200 millions d’euros) suite à sa condamnation pour enrichissement illicite. D’ailleurs la cour spéciale pour la répression de l’enrichissement illicite (CREI) a demandé son arrestation dès son éventuelle entrée au Sénégal pour exercer la contrainte par corps maximale pour l’obliger à payer l’argent qu’il doit à l’État du Sénégal.
Le parti PDS est ainsi face à ses propres responsabilités politiques qui risquent de la faire imploser. Ou il élabore rapidement un plan B ; ou il persiste à garder l’impossible candidature du « fils adoré ».
Depuis un moment des cadres du parti se sont rebellés et ont annoncé la candidature de Samuel Sarr, ancien ministre naguère très proche des Wade. Ce dernier et ses amis refusent de sacrifier leur formation qui n’aurait pas de candidat en 2019. Ce serait une première depuis 1978, année de la première participation de Wade père qui s’est engagé contre Senghor une fois et Abdou Diouf 4 fois. Il a gagné en 2000 et 2007 et a perdu en 2012.
Certainement il envisageait de se lancer dans la course si la limite d’âge de 75 ans n’avait pas été introduite avec le référendum de 2016. Maintenant lui même est éliminé par ses 92 ans. Que va-t-il faire ? Imposer le boycott à son parti ? Ou choisir un candidat autre que son fils ?
La plupart des analystes, considérant son égoïsme forcené, son mépris envers les autres cadres du PDS, penchent du côté du boycott masqué en « refus d’abdiquer », par exemple.
Mais comment alors remobiliser l’électorat en vue du scrutin des locales prévu vers le mois de juin, après la présidentielle ?
L’évident est que le PDS est dans la tourmente depuis la défaite de Wade en 2012 et, même avant, depuis le 23 juin 2011 et l’échec de la tentative d’instauration d’une « monarchie ». Cette fois ci, le point de rupture est atteint.
Comme dirait l’autre : « l’heure est grave, camarades ».