La Présidentielle qui profile à l’horizon 2019 sera marquée par une nouveauté constitutionnelle. Désormais, le parrainage des candidatures, jadis réservé aux seuls candidats indépendants, sera élargi à tous les candidats : indépendants, candidats des partis politiques et ceux des coalitions de partis.
La barre de parrains requis est fixée à un minimum de 0,8% de l’ensemble des électeurs, inscrits sur le fichier électoral, dont 2000 signatures valides dans 7 des 14 régions du pays. Finies, les candidatures fantaisistes ainsi que les candidats dont la base électorale est circonscrite seulement dans une ou deux régions du pays.
La présidentielle sénégalaise dont le premier tour est prévu le 24 février 2019, démarre lundi 27 août 2018, avec le lancement de la collecte fatidique des signatures pour répondre aux exigences des 0,8% de parrains, avec un minimum de 2000 parrains dans, au moins 7 des 14 régions du Sénégal. C’est une trouvaille juridique pour filtrer et rationaliser les candidatures.
Déjà, à 6 mois de la présidentielle, le nombre des candidatures déclarées flambe à 34 voire plus ! La scène politique sénégalaise est marquée par des extrémismes intrigants. Le nombre des partis politiques légalement reconnus, frôle le chiffre de 300. Les coalitions et les coalitions de coalitions se multiplient à l’orée d’une élection présidentielle capitale.
Certains candidats (sans illusion), comme disait l’un des ténors de la scène politique sénégalaise, se présentent pour pouvoir négocier un strapontin avec le candidat le mieux placé au premier tour. D’autres, monnaient leurs ralliements aux plus offrants.
Il s’y ajoute que le Sénégal, qui aspire à entrer dans le club restreint des pays producteurs de pétrole et de gaz dès 2022, attire les convoitises les plus folles. Des magnats du pétrole n’hésiteront pas à miser gros sur des aventuriers, mus par des intérêts mercantiles de groupes étrangers.
Face à ces multiples risques, le législateur sénégalais a pris les devants, en instaurant un parrainage citoyen généralisé. Le législateur a le mérite d’éviter de porter son choix sur le parrainage des élus, comme c’est le cas en France et dans certains pays d’Europe.
Un tel type de parrainage aurait donné un avantage certain au candidat du parti au pouvoir et dans une moindre mesure, aux candidats de quelques partis et coalitions disposant d’élus dans les différentes institutions du pays. En revanche, le parrainage citoyen est ouvert à tout électeur, régulièrement inscrit dans le fichier électoral.
Il faut reconnaître, cependant que la tâche ne sera pas de tout repos. Réussir à glaner quelque 55 milles signatures valides, avec une répartition de 2000 signatures dans 7 régions différentes, constituera un obstacle infranchissable, à plus des deux tiers (2/3) des candidats à la candidature.
Le Ministère de l’Intérieur qui supervise le processus, aurait déjà confectionné trois types de fichiers (A-B- et C) pour les différentes catégories de candidats : Indépendants, candidats des partis politiques et ceux des coalitions de partis.
L’opération ne sera pas simple, d’autant que la loi punit sévèrement ceux qui seraient coupables de double ou de multiple signatures. Certains évoquent déjà la complexité de la vérification matérielle des signatures.
En tout état de cause, le Sénégal a enclenché un processus qui pourra servir de test pour beaucoup de systèmes électoraux en Afrique ; mais pour ce faire, il faudra que le Sénégal réussisse à relever le défi.