Coup de théâtre en Espagne. Le gouvernement de Mariano Rajoy, éclaboussé par un scandale de corruption après six années et demi au pouvoir, cède la place à un gouvernement socialiste. En effet, les élus du Congrès des députés, la chambre basse du Parlement, se sont prononcés pour la mise à l’écart du chef du Parti populaire (PP, droite) par 180 voix pour, 169 voix contre et une abstention.
La corruption à l’origine de la procédure
Le parti socialiste (PSOE) a entamé une procédure parlementaire depuis quelques jours pour faire tomber le gouvernement de Mariano Rajoy. La procédure a été lancée après la condamnation de plusieurs dirigeants du Parti populaire pour corruption. Pedro Sanchez, chef de file du PSOE était quasi certain de devenir le septième président du gouvernement espagnol depuis le retour de la démocratie dans les années 1970, le PSOE étant assuré du soutien de six partis totalisant 180 voix à la chambre basse du Parlement, soit plus que la majorité absolue (176 voix).
Toutefois, malgré cette victoire sur le gouvernement sortant, les socialistes vont avoir des difficultés à gouverner. Avec seulement 84 sièges sur un total de 350 au congrès les socialistes risquent d’aller vers des élections anticipées au moment où les législatives sont prévues en 2020. De nombreux observateurs estiment cependant qu’il est peu probable que Pedro Sanchez appelle à un nouveau scrutin avant les élections européennes, municipales et régionales prévues en mai 2019.
Qui est Pedro Sanchez
Le secrétaire général du Parti socialiste espagnol (PSOE) Pedro Sanchez, qui vient de prendre la tête du gouvernement espagnol, revient de loin. En effet, il y a deux ans, le nouvel homme fort de Madrid avait joué gros face aux « barons » de son parti en refusant de s’abstenir, comme le demandait le PSOE, lors du vote d’investiture du président du gouvernement, le conservateur Mariano Rajoy, auquel il était viscéralement opposé.
Il a été patient et a finalement obtenu gain de cause vendredi en forçant Rajoy à se retirer après avoir perdu la confiance du Parlement, lors du vote d’une motion de censure déposée par le parti. Âgé de 46 ans, Sanchez, économiste de formation, devient donc le septième chef de gouvernement de l’Espagne post-franquiste, grâce à une alliance hétéroclite qui a donné une majorité à la motion de censure.