La justice ivoirienne a inculpé le maire élu d’opposition Jacques Ehouo pour détournement de fonds. Il s’agit selon des observateurs d’un nouvel épisode de la bataille pour la mairie du Plateau. Pour l’avocat de l’inculpé, il s’agit tout simplement d’une « une cabale ».
Député du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), le principal parti d’opposition, Jacques Ehouo a été inculpé jeudi de « détournement de deniers publics, faux et usage de faux et blanchiment de capitaux », a annoncé vendredi le procureur d’Abidjan lors d’une conférence de presse.
La justice ivoirienne le soupçonne d’avoir détourné plus de cinq milliards de francs CFA (plus 7,5 millions d’euros) entre 2004 et 2017 sur les taxes municipales de publicité et d’occupation du domaine public, via une société dont il était gestionnaire, chargée de collecter ces taxes pour le compte de la mairie du Plateau.
L’avocat du maire élu, cité par l’AFP, a dénoncé « une cabale et un scénario monté de toutes pièces pour empêcher l’installation du conseil municipal élu du Plateau ». « Aucun document comptable ne nous a été présenté » lors de l’audition de M. Ehouo par la police économique pendant six heures jeudi, « aucune preuve de détournement », a affirmé l’avocat.
Rappelons que Jacques Ehouo avait battu lors des municipales du 13 octobre le candidat du parti au pouvoir, Fabrice Sawegnon, après une âpre bataille émaillée d’accusations de fraudes de la part des deux camps. Son investiture comme maire, prévue le 13 décembre, avait été empêchée par le préfet d’Abidjan, arguant d’un incendie dans les locaux de la mairie la nuit précédente.
Le maire Ehouo a été inculpé à la suite d’une plainte déposée par le maire intérimaire du Plateau Jacques Yapi, nommé en août après la révocation par le gouvernement du précédent maire PDCI Noël Akossi Bendjo, accusé lui aussi de détournements de fonds.
Le (PDCI) était jusqu’au mois d’août l’allié du parti au pouvoir, le Rassemblement des Républicains (RDR) du président Alassane Ouattara. Mais l’alliance a volé en éclats, notamment en raison de la prochaine présidentielle, qui est déjà dans tous les esprits et les deux partis sont désormais à couteaux tirés.