Hama Amadou, le principal opposant nigérien, s’est rendu lundi lui-même au tribunal afin d’être incarcéré et purger les huit mois restant de sa peine d’un an de prison pour trafic de bébés. Possible candidat à la présidentielle de 2020, il est rentré au Niger le 14 novembre.
« Hama Amadou a été incarcéré tôt ce lundi à la prison de Filingué (ouest de Niamey). Il s’est présenté lui-même au tribunal avant d’être conduit en prison », selon un membre de sa famille cité par l’AFP, sous couvert d’anonymat.
Hama Amadou, 69 ans, est en exil depuis mars 2016. Il était rentré jeudi au Niger pour faire le deuil de sa mère décédée fin octobre. Il est allé se recueillir sur sa tombe avant d’accueillir samedi et dimanche des milliers de visiteurs à son domicile.
Ses partisans, mais aussi des membres du gouvernement nigérien et des figures de la société civile, sont ainsi venus lui présenter leurs condoléances. Selon son entourage, Hama Amadou a même parlé au téléphone avec le président Mahamadou Issoufou, dont une des épouses, Malika Issoufou, s’est déplacée à son domicile.
L’opposant avait été condamné à un an de prison pour son implication dans un trafic de bébés avec le Nigeria et impliquant également une de ses épouses. Il avait été incarcéré en novembre 2015 à son retour d’un premier exil.
En mars 2016, entre les deux tours de la présidentielle à laquelle il était arrivé deuxième sans pouvoir faire campagne en raison de son incarcération, Hama Amadou, avait été autorisé à se rendre en France pour des raisons de santé. Il n’était plus rentré au Niger jusqu’à son retour jeudi.
Il avait été désigné en août candidat à la présidentielle de décembre 2020 par son parti, le Mouvement démocratique nigérien (Moden), principal mouvement d’opposition. Toutefois, sa condamnation l’empêche légalement pour le moment d’être candidat.
Le Premier ministre Brigi Rafini a promis fin octobre l’organisation d’un « dialogue » en vue « d’apaiser le climat » politique tendu à un an de la présidentielle de 2020. L’organisation des futures élections, la question de la commission électorale ou l’accès équitable aux médias d’État, ainsi que la situation de Hama Amadou seront au centre des débats. Ce dialogue pourrait ouvrir la porte à l’opposant qui a joué l’apaisement lors de son retour au pays.