Le putsch militaire mené par le général Abdourahamane Tiani au Niger ne passera pas sans conséquences. Après des appels à un retour à l’ordre constitutionnelle lancés par l’Union Africaine et la CEDEAO, les militaires français et américains se préparent déjà à intervenir pour rétablir l’ordre des choses. Disposant de troupes au sol dans le cadre de la lutte anti-terroriste dans le pays et identifiant déjà la position du général putschiste et de ses complices, les deux puissances militaires n’attendent plus que le feu vert des instances africaines.

Les putschistes dans l’impasse

Le coup d’Etat opéré par le général Abdourahamane Tiani et ses complices ne trouve pas de soutien. En effet les menaces et les ultimatums fusent de toute part, appelant les putschistes à un retour à la légalité. La Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), réunie dimanche à Abuja, ainsi que l’Union Africaines (UA), ont été catégorique. Le Général dispose d’une semaine pour rétablir l’ordre constitutionnel.

Mais si les pays africains n’envisagent pas actuellement une intervention militaire pour rétablir l’ordre des choses, des pays comme les Etats-Unis et la France se préparent déjà pour imposer un retour à la légalité par la force. Selon des sources concordantes, les armées respectives des deux pays ont entamé la mobilisation de drones armées en prévision d’une attaque imminente. Il leur faudra toutefois un mandat des organisations panafricaines avant de passer à l’acte. Un mandat qui ne risque pas de tarder si les putschistes continuent de faire la sourde oreille à l’ultimatum africain.

La France et les Etats-Unis disposent respectivement de 1.500 et 1.100 soldats qui participent à la lutte anti-jihadiste au Niger. Les deux pays restent donc les plus aptes à intervenir en cas de feu vert des instituions africaines.

Le Royaume-Uni et l’Allemagne passent aux sanctions économiques

Le Royaume-Uni a condamné dimanche le coup d’Etat en annonçant la suspension de son aide au développement à long terme à ce pays d’Afrique de l’Ouest. Le Royaume-Uni soutient pleinement les mesures politiques et économiques immédiates annoncées dimanche par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), a indiqué le gouvernement britannique dans un communiqué. “Nous continuerons cependant à fournir une aide humanitaire essentielle au peuple nigérien”, a-t-il ajouté.

Même son de cloche à Berlin. L’Allemagne vient d’annoncer la suspension de son aide au développement et de son appui budgétaire au Niger. “Nous avons suspendu tous les paiements directs de soutien au gouvernement du Niger”, a déclaré le porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères, Sebastian Fischer, lors d’un point presse régulier à Berlin.

“Ce matin a été décidé de suspendre toute coopération bilatérale pour le développement”, a ajouté sa collègue au ministère du Développement, Katharina Koufen.

Par ailleurs, Berlin “est en train d’examiner l’ensemble de l’engagement bilatéral au Niger” et, en fonction de l’évolution des prochains jours, prendra “éventuellement d’autres mesures”, a ajouté le porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

La France prête à répliquer “de manière immédiate et intraitable”

Les militaires nigériens qui ont renversé le président élu Mohamed Bazoum ont accusé lundi la France de “vouloir intervenir militairement”. Les pressions sur les putschistes qui ont pris le pouvoir le 26 juillet, afin qu’ils rétablissent “l’ordre constitutionnel”, sont de plus en plus fortes, venant de l’ensemble des partenaires occidentaux et africains du Niger, pays essentiel dans la lutte contre les groupes jihadistes qui ravagent les pays du Sahel depuis des années.

La France, ex-puissance coloniale au Niger et soutien indéfectible du président Bazoum, apparaît comme la cible privilégiée des militaires ayant pris le pouvoir. Ils l’ont accusée lundi de vouloir “intervenir militairement” et d’avoir tiré dimanche du gaz lacrymogène contre des manifestants pro-junte devant l’ambassade de France, affirme l’Agence française de presse (AFP)

“Dans sa ligne de conduite, allant dans le sens de la recherche des voies et moyens pour intervenir militairement au Niger, la France, avec la complicité de certains Nigériens, a tenu une réunion à l’état-major de la Garde nationale du Niger, pour obtenir des autorisations politiques et militaires nécessaires” afin de rétablir Mohamed Bazoum, indique un communiqué de la junte.

Dans un autre communiqué, les putschistes accusent “les services de sécurité” d’une “chancellerie occidentale”, sans préciser laquelle, d’avoir tiré dimanche à Niamey du gaz lacrymogène sur des manifestants soutenant la junte, avec “pour conséquence six blessés, pris en charge par les hôpitaux” de la capitale.

Le président français Emmanuel Macron avait menacé dimanche de répliquer “de manière immédiate et intraitable” à toute attaque contre les ressortissants de la France et ses intérêts au Niger, où des milliers de manifestants favorables au putsch militaire ont ciblé son ambassade à Niamey. Certains ont voulu y entrer, avant d’être dispersés par des tirs de grenades lacrymogènes.