Au Soudan, militaires et opposition ont trouvé un accord sur l’instance de transition, selon le médiateur de l’Union africaine, Mohamed El-Hacen Lebatt.

Les généraux au pouvoir au Soudan et les chefs de la contestation sont parvenus à un accord vendredi concernant l’instance qui doit diriger la future période de transition. Les deux parties ont accepté un partage du pouvoir entre militaires et civils après des mois de tensions.

Grâce à une médiation de l’Éthiopie et de l’Union africaine (UA), les deux camps se sont finalement accordés sur leur principal point de contentieux : la direction du « Conseil souverain », l’instance qui doit superviser la période de transition.

L’annonce de vendredi intervient dans un contexte tendu, après la dispersion le 3 juin d’un sit-in de manifestants devant le QG de l’armée à Khartoum, qui a fait des dizaines de morts et provoqué un tollé international.

Le Conseil militaire et l’Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance de la contestation, ont accepté vendredi une direction « alternée » de cette instance de transition, a annoncé en conférence de presse le médiateur de l’UA, Mohamed El-Hacen Lebatt.

« Les deux parties se sont mis d’accord sur l’instauration d’un conseil souverain, avec une alternance entre les militaires et les civils, pour une période de trois ans ou un peu plus », a-t-il dit.

Le médiateur de l’UA n’a pas détaillé le mécanisme utilisé. Mais selon un plan de transition établi par les médiateurs, l’instance devait initialement être présidée par un militaire pendant 18 mois, avant qu’un civil ne prenne la relève jusqu’à la fin de la transition. Le conseil sera composé de six civils, dont cinq issus de l’ALC, et de cinq militaires, selon l’AFP, citant un leader de la contestation, Ahmed Rabie.

C’est sur la direction du Conseil souverain que les négociations avaient capoté en mai. Elles ont repris mercredi soir seulement. Les deux camps se sont aussi mis d’accord pour “une enquête minutieuse, transparente, nationale et indépendante, sur les différents incidents violents malheureux qu’a connu le pays ces dernières semaines“, a souligné M. Lebatt.

À ce jour, la contestation réclamait une enquête indépendante et internationale sur la dispersion du sit-in le 3 juin, ce que les généraux ont refusé après avoir mis sur pied leur propre comité d’investigation militaire.

Pour rappel, le Conseil militaire a pris les rênes du Soudan avec la destitution et l’arrestation en avril du président Omar El-Béchir au terme de manifestations de masse. Il est engagé dans un bras de fer avec le mouvement de contestation qui réclame le transfert du pouvoir aux civils.