L’emprisonnement d’ex-dirigeants politiques piliers de la présidence d’Abdelaziz Bouteflika n’a pas calmé la contestation en Algérie. Les manifestants se sont à nouveau mobilisés en masse vendredi pour réclamer le départ de « tout le système ».
La contestation algérienne a enchainé le 15 juin son 17ème vendredi consécutif de manifestations. Ce vendredi coïncide à Alger avec le 18ème anniversaire, jour pour jour, d’une grande marche kabyle sur Alger, le 14 juin 2001, violemment réprimée et qui avait tourné à l’émeute.
Ce vendredi, les rues d’Alger étaient noires de monde, la foule défilant aux cris de « Voleurs, vous avez pillé le pays ! », à l’issue d’une semaine marquée par le placement en détention préventive de deux anciens Premiers ministres et proches de Bouteflika, Ahmed Ouyahia, 66 ans et Abdelmalek Sellal, 70 ans.
Ces incarcérations n’ont pas calmé les manifestants qui ont continué de réclamer massivement le départ de tous les anciens fidèles ayant accompagné le président déchu durant ses 20 ans au pouvoir. Ils visaient notamment le président par intérim Abdelkader Bensalah, le Premier ministre Noureddine Bedoui et le chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah.
Après l’annulation, faute de candidat, de la présidentielle prévue le 4 juillet pour élire un successeur à Bouteflika, le pouvoir intérimaire appelle à un dialogue rejeté par les manifestants qui réclament des institutions de transition. Ils refusent catégoriquement que les proches de l’ex-président encore aux commandes organisent la présidentielle.
Très impopulaire pilier de la présidence Bouteflika (1999-2019), sous laquelle il fut trois fois Premier ministre, Ouyahia est visé par une enquête pour des fraudes présumées dans des marchés publics.
Autre proche de Bouteflika, dont il fut le Premier ministre de 2014 à 2017 mais aussi le directeur de quatre campagnes présidentielles, Abdelmalek Sellal et un ancien ministre, Amara Benyounes, ont rejoint jeudi Ouyahia à la prison d’El Harrach, dans la banlieue d’Alger, où sont également déjà incarcérés plusieurs hommes d’affaires influents.
La plupart sont soupçonnés d’avoir profité de leurs liens privilégiés avec le chef de l’État ou son entourage pour obtenir des marchés publics ou divers avantages.