Le Congrès national africain (ANC), le parti au pouvoir en Afrique du Sud, a remporté les législatives.

Les résultats partiels déjà comptabilisés indiquent, clairement que l’ANC, va garder le pouvoir, avec une majorité indiscutable. Mais, probablement en deçà de la barre des 60%.


Ce serait un recul historique qui consacre le déclin du parti de Mandela qui s’est imposé dans les urnes depuis l’avènement de la démocratie dans ce pays, il y a maintenant un quart de siècle.

Toutefois, le plus important, à savoir le contrôle du pouvoir politique reste entre les mains de l’ANC qui a intérêt à mener une politique audacieuse pour satisfaire les attentes légitimes de la majorité noire. Le statu-quo inégalitaire qui mine la société sud-africaine, gangrénée par un Apartheid social et économique n’est plus tenable.

La redistribution des terres est un impératif catégorique et Ramaphosa qui va se succéder à lui-même, à la présidence de la république, est dans l’obligation de trouver une solution : expropriation forcée, rachat imposé, co-propriété etc…Les formules sont nombreuses, reste la volonté politique et le courage de les appliquer.

Il y a ensuite l’immense chantier de la formation et de l’emploi des jeunes qui exige une action d’envergure de la part du gouvernement. Mais rien ne sera efficace dans un pays où l’économie est essoufflée et l’attractivité écornée.

Pour reconquérir les investisseurs, il faudra aussi lutter farouchement contre l’insécurité et la criminalité qui se métastasent dans le pays comme un cancer.

La première économie africaine est malade de ses contradictions et de ses faiblesses congénitales. Un quart de siècle ne peut suffire pour effacer des siècles de génocide, de négation culturelle, de répression barbare, bref de crime contre l’humanité, sur une durée qui défie l’entendement.

Le chemin de la réconciliation et de la vérité ne peut occulter celui de l’histoire authentique et le pardon n’efface ni les crimes ni les multiples autres horreurs qui ont souillé le sol sud-africain, pendant si longtemps. L’Afrique du Sud ne deviendra la « nation arc-en-ciel » que si elle opère une vraie révolution politique, sociale et culturelle.

L’État peut actionner des leviers, initier des projets, mais c’est l’école qui peut mener le combat sur la longue durée. Pour fonder une égalité des chances réelle, qui privilégie le mérite, et non la couleur de la peau.

25 ans après la fin officielle de l’Apartheid, l’égalité n’est toujours pas une réalité concrète en Afrique du Sud. Ramaphosa va avoir un mandat pour agir et apporter sa pierre à l’œuvre de transformation sociale, économique et politique engagée par Mandela et la première génération des leaders de l’ANC.

Cette fois-ci, il n’aura aucune excuse. S’il ne réussit pas, il devra rendre des comptes au peuple qui vient de lui faire confiance.