Les attaques de porte-conteneurs ou les kidnappings d’équipages de tankers sont devenus courants dans les eaux territoriales du Nigeria, la première puissance pétrolière du continent africain.
Le golfe de Guinée, qui s’étend sur quelque 6.000 kilomètres de côtes, de l’Angola jusqu’au sud du Sénégal, est devenu ces dernières années l’une des régions maritimes les plus dangereuses au monde, loin devant les côtes somaliennes du golfe d’Aden.
Pour les neuf premiers mois de l’année, le Bureau international maritime, instance internationale de sécurité en mer, y a recensé 82% des enlèvements d’équipages dans le monde.
Début novembre, quelques jours à peine après les exercices de la marine, 13 marins ont été enlevés dans deux attaques contre des tankers au large de Cotonou (Bénin) et de Lomé (Togo), voisins du Nigeria.
Mais malgré l’insécurité latente, les marines de la région s’accordent à dire que le rythme des attaques a baissé depuis 2018, selon l’AFP. Et ce, grâce à une meilleure coopération entre les pays concernés et davantage de moyens financiers et humains mis en œuvre.
La piraterie coûte des milliards de dollars chaque année à l’économie mondiale et le rapport « Oceans beyond piracy » de l’ONG américaine One Earth Future’s, en estime le coût pour l’Afrique de l’Ouest à 818 millions de dollars rien qu’en 2017.
Le problème de criminalité est né dans les années 70, dans le delta du Niger (sud-est du Nigeria), le cœur de l’exploitation pétrolière du pays. Les populations ont vu, pendant des décennies, des centaines de millions de barils de brut passer par leur communauté vivant dans une pauvreté écrasante, sans aucun service d’État ou travail, pour enrichir les élites et le reste du pays.
Beaucoup se sont tournés vers les activités criminelles, du raffinage clandestin, aux attaques de bateaux, pêche illégale ou enlèvements d’équipages. Les pirates sont originaires de ces régions marécageuses où les communautés vivaient traditionnellement de la pêche et connaissaient la mer, avant que le pétrole ne vienne polluer les eaux et tuer leur unique source de revenus.
Avec la chute du prix du baril de pétrole en 2015-2016, les tactiques des groupes criminels ont changé : il est désormais plus rentable de procéder aux enlèvements d’équipages contre rançon que de dérober le brut des pétroliers pour le revendre au marché noir.