Le Conseil souverain, censé mener la transition pendant un peu plus de trois ans au Soudan, a prêté serment hier.

Le premier conseil des ministres se tiendra début Septembre 2019

Après 8 mois de protestations et la chute du régime d’El-Bechir, civils et militaires sont parvenus à mettre sur pied l’organe exécutif de transition, comprenant 11 membres dont 5 militaires et 6 civils. Deux femmes siègent au Conseil, dont l’une représente la communauté chrétienne. La durée de la phase transitoire est fixée à 39 mois, avec une présidence alternative (21 mois pour les militaires et 18 mois, pour les civils). Le général Abdel Fettah Al-Burhan, assure la présidence pour la première séquence, dédiée aux militaires.

La feuille de route de la transition au Soudan est en marche. L’Alliance pour la Liberté et le Changement qui avait sollicité une prolongation de 48heures, pour revoir la composition de ses membres au Conseil, a fini par compléter sa liste, déposée depuis mardi soir.

Hier, mercredi, les 9 membres du tout nouveau Conseil souverain de transition (CST) ont prêté serment au Palais de la république, devant le nouveau président du CST, le général Abdel Fettah Al-Burhan, qui l’avait fait un peu plus tôt, en devenant ainsi le Président du Conseil souverain de transition pendant la première phase de la transition qui durera 21 mois. Le seul membre du CST qui n’a pas encore prêté serment, est Mohamed Hassan Uthman Al-Ta’yshi, qui était à l’étranger lors de sa nomination. Il est indiqué qu’il prêtera serment dès son arrivée au Soudan. Le 1er conseil des ministres est attendu début septembre 2019.

Pendant la deuxième phase de la transition, le CST sera présidé par un des membres civils, pour une durée de 18 mois, ce qui fait, au total, 39 mois de période transitoire.

Qui sont ces personnalités qui dirigent le Soudan ?

Le général Abdel Fettah Al-Burhan, ancien inspecteur général des Forces armées soudanaises a servi comme attaché militaire en Chine et a supervisé l’envoi de soldats soudanais à la Coalition internationale en guerre au Yémen aux côtés des forces saoudiennes. Il aura remplacé le général Ben Awf à la tête du Conseil militaire de transition, après la démission de ce dernier.

Le général Mohamed Hamdan Daglo dit “Hamedti”, ancien patron des Forces d’appui rapide, il est l’unique élément parmi les 5 militaires qui ne soit pas issu de l’appareil militaire. Ayant abandonné les études très tôt, Hamedti s’est adonné au commerce de l’or entre le Tchad, la Libye et le Mali. Il a dirigé ensuite une milice tribale au Darfour et fut courtisé et intégré dans l’armée soudanaise par le président El-Bechir. Il recruta les hommes qui devaient surveiller les frontières entre l’Arabie Saoudite et le Yémen. Ancien N°2 du Conseil militaire de transition, il joua également un rôle capital dans la chute de l’ancien président El-Bechir.

Le général Shams Ed-Dine El-Kabbashi, ancien chef de l’organe des opérations militaires conjointes, il a été depuis la formation du Conseil militaire de transition, le Président du Comité politique et Porte-parole de la structure.

Le général Yasser Abder Rahman Hassan Al-Ata, est un ancien chef des opérations terrestres, il a servi comme attaché militaire à l’ambassade du Soudan à Djibouti et est titulaire d’une maîtrise en sciences militaires.

Le général Ibrahim Jaber Karim, ancien chef du commandement des Forces maritimes, il possède un diplôme d’ingénieur et présidait la Commission politique dans le défunt CMT.

Les 6 représentants civils de l’ALC sont, Mme Aïsha Moussa Al-Saïd, juriste, académicienne et activiste, elle est l’une des 2 figures féminines qui siègent au CST et à toujours défendu la cause de la femme soudanaise notamment son droit à l’éducation.

Hassan Mohamed Idriss Qadhi, Ancien Conseiller juridique au Ministère de la Justice à Kassala, a été mandaté au sein de l’ALC par le mouvement “Nida Soudan”, il fut aussi député, représentant la Circonscription de Kassala Ouest.

El-Sidik Tawer Kafi, professeur d’université, physicien et environnementaliste, il est mandaté dans l’ALC par le Rassemblement du Consensus national. Il est originaire des Monts Nuba.

Mohammed El-Fakki Suleiman, diplômé en sciences politiques, il a travaillé comme journaliste dans plusieurs pays du Golfe. Activiste politique, il fut mandaté à l’ALC par le Rassemblement unioniste. Il est auteur d’un ouvrage sur l’avenir politique du Soudan.

Mohammed Hassan Uthman Al-Ta’yushi, mandaté au sein de l’ALC par l’ordre des pharmaciens soudanais, il a dû disputer âprement sa place au sein du CST, où d’autres concurrents voulaient la lui ravir. Il a milité dans le mouvement des jeunes du Parti Al-Ouma.

Raja Nicolas Abdel Messieh, est la deuxième femme membre du CST et la première chrétienne copte à occuper un tel rang. Elle est l’unique personnalité de consensus, cautionnée à la fois par les militaires et l’ALC. Diplômé en droit au Caire, elle a rampé dans l’administration du Ministère de la Justice où elle occupait dernièrement le poste de conseillère.

Ces 11 membres comme dans une équipe de football, conduiront les réformes majeures qui devront aboutir, au bout d’une transition de 39 mois, à des élections libres, démocratiques et transparentes au Soudan. Une bonne leçon de maturité politique, qui pourrait inspirer l’Algérie et la Libye.