Le mouvement de contestation a repris mercredi en Arménie. Les partisans de Nikol Pachinian comptent bloquer tout le pays pendant une semaine, jusqu’à la prochaine élection du Premier ministre par le Parlement.
Le mouvement de contestation a repris mercredi 2 mai en Arménie, où des milliers de partisans de l’opposant Nikol Pachinian ont bloqué plusieurs artères de la capitale Erevan, ainsi qu’une route menant à l’aéroport international.
Le chef de l’opposition arménienne avait appelé mardi 1er mai ses dizaines de milliers de partisans, réunis dans le centre d’Erevan, à une vaste campagne de désobéissance civile après le rejet de sa nomination comme Premier ministre par le parti au pouvoir.
Le Parlement arménien a annoncé qu’il procéderait le 8 mai à un nouveau vote pour élire le Premier ministre de cette république ex-soviétique du Caucase plongée dans une crise politique depuis trois semaines. Deux tours de scrutin sont programmés, et en cas d’échec, l’Arménie organisera des élections législatives anticipées.
Nikol Pachinian, ancien journaliste devenu député en 2012, a pris la tête de la contestation à l’origine de la démission du Premier ministre et ancien président Serge Sarkissian le 23 avril dernier, après onze jours de manifestations.
Paralyser le pays
Des policiers ont tenté de persuader mercredi les manifestants de rouvrir les routes, mais n’ont pas eu recours à la force. « Nous allons paralyser toute la ville et tout le pays », a déclaré Sargis Babayan, un étudiant de 22 ans portant un tee-shirt à l’effigie de l’opposant et croisé dans une foule de plusieurs centaines de manifestants défilant aux cris de « Nikol président ! ».
Les contestataires se sont rassemblés dans le centre de la capitale pour répondre à l’appel à la « désobéissance civile » de M. Pachinian.
Presque toutes les artères de la ville ont été bloquées et de nombreux magasins fermés, ont constaté des correspondants de l’AFP. Les trains de banlieue et les métros connaissaient de fortes perturbations.
Nouvelle élection du Premier ministre dans une semaine
Nikol Pachinian avait présenté son élection au poste de Premier ministre par intérim comme le seul moyen de sortir de la crise. Mais sa candidature n’a obtenu mardi que 45 voix sur 105 à l’Assemblée nationale, le parlement monocaméral, contrôlé par le Parti républicain de Sarkissian (58 élus).
Président de l’Arménie de 2008 à 2018, Serge Sarkissian et son Parti républicain sont critiqués par les partisans de M. Pachinian pour n’avoir pas su faire reculer la pauvreté et la corruption et avoir laissé aux oligarques le contrôle de l’économie de ce pays de 2,9 millions d’habitants.
La Russie, qui voit d’un très mauvais œil toute contestation populaire susceptible d’amener au pouvoir dans une république de l’ex-URSS des dirigeants hostiles au Kremlin, comme cela a été le cas en Géorgie et en Ukraine, a adopté une attitude neutre face à la crise en Arménie.
Après avoir d’abord souligné qu’il s’agissait d’une affaire intérieure arménienne, la Russie a joué les médiateurs : Vladimir Poutine a appelé le Premier ministre par intérim Karen Karapetian et plusieurs contacts ont eu lieu entre les autorités russes, des représentants du pouvoir arménien et Nikol Pachinian.