La publication d’un récent rapport d’Amnesty International, dénonçant l’inaction des autorités dans un conflit entre agriculteurs et éleveurs en 2016, a fait réagir l’armée nigériane. Cette dernière a appelé lundi à « fermer » les bureaux de l’ONG à Abuja.
« Amnesty International déploie de grands efforts pour déstabiliser le Nigeria », a déclaré Sani Usman, porte-parole de l’armée nigériane, dans un communiqué relayé par les médias internationaux.
« Nous remarquons cela à travers la fabrication d’accusations fictives contre nos forces de sécurité et leur prétendu abus des droits humains », ajoute le porte-parole de l’armée, accusant également l’ONG de « sponsoriser » des groupes dissidents. Pour Usmn, l’armée nigériane « n’a d’autre choix » que d’appeler à la fermeture des bureaux d’Amnesty International au Nigeria.
Un rapport accablant
Le rapport pointé du doigt par l’armée nigériane est intitulé « Récolter les morts: trois années d’affrontements sanglants entre agriculteurs et éleveurs ». Amnesty Internationale y accuse les forces de sécurité nigérianes de ne pas en faire assez pour mettre fin aux massacres, aux pillages ou en incendies de villages, dans un conflit entre agriculteurs et éleveurs en 2016 qui a fait 3.641 morts au cours des trois dernières années.
L’organisation de défense des droits humains estime que 2.000 personnes ont été tuées cette année seulement et que des milliers d’autres ont dû quitter leur foyer. « L’incapacité des autorités nigérianes à enquêter sur les affrontements et à traduire leurs auteurs en justice a alimenté l’escalade sanglante du conflit entre agriculteurs et éleveurs », affirme Amnesty dans un communiqué.
«Les forces de sécurité sont souvent positionnées à proximité des attaques, qui peuvent parfois durer plusieurs jours, mais sont trop lentes à réagir », assure le rapport.
Les éleveurs nomades, musulmans, et les agriculteurs sédentaires chrétiens sont en conflit depuis des années pour l’accès aux terres, mais les violences se sont aggravées ces dernières années, en raison de la poussée démographique, de la multiplication des conflits et de l’insécurité croissante dans le Nord, qui ont bloqué de nombreuses routes traditionnelles de pâturage.
Les attaques ont été les plus fréquentes dans les Etats d’Adamawa, de Benue, de Kaduna, de Taraba et du Plateau, qui représentent la “ceinture fertile et centrale” du Nigeria.