Des milliers de Soudanais se sont rassemblés lundi dans plusieurs villes du pays, dont Khartoum, pour réclamer aux nouvelles autorités du pays la dissolution de l’ancien parti au pouvoir du président déchu Omar El-Béchir.
Une foule d’hommes et de femmes se sont rassemblés à Khartoum, dans la ville voisine d’Omdourman, à Madani, à Al-Obeid, à Port-Soudan et à Zalinge, dans le Darfour, théâtre d’un conflit sanglant, exprimant leur soutien aux nouvelles autorités chargées de la transition du pays vers un régime civil.
Les rassemblements de lundi commémoraient par ailleurs le soulèvement du 21 octobre 1964 qui avait renversé le chef militaire de l’époque, Ibrahim Abboud. Des banderoles appelant à dissoudre le Parti du Congrès national (NCP) ont été brandies par la foule, selon l’AFP.
Les rassemblements, organisés par les Forces pour la liberté et le changement (FLC), fer de lance du mouvement de contestation, demandaient également « justice pour les martyrs » tués pendant le soulèvement de plusieurs mois qui a renversé El-Béchir.
« La justice est importante pour toutes les victimes au cours des 30 dernières années », a déclaré le Premier ministre Abdallah Hamdok dans un discours retransmis à la télévision d’Etat lundi soir.
« Nous avons mis en place un comité chargé d’enquêter sur la dispersion du sit-in de Khartoum », a-t-il déclaré, faisant référence à la répression menée le 3 juin contre des manifestants devant le QG de l’armée.
Des hommes armés en tenue militaire avaient pris d’assaut le sit-in de plusieurs semaines ce jour-là, laissant derrière eux des dizaines de morts et de blessés. Omar El-Béchir et son NCP ont dirigé le Soudan pendant trois décennies à partir de 1989, date à laquelle il est arrivé au pouvoir lors d’un coup d’État soutenu par les islamistes.
Des manifestations ont éclaté contre son gouvernement en décembre 2018 et se sont rapidement transformées en un mouvement national de contestation qui a finalement conduit à son éviction le 11 avril.
Le mouvement de contestation affirme que plus de 250 personnes ont été tuées dans le soulèvement. Les autorités ont donné un nombre plus faible de morts. Actuellement jugé pour corruption, l’ex-président El-Béchir est détenu dans une prison de Khartoum. Plusieurs autres responsables de son gouvernement et de hauts dirigeants du NCP sont également en prison.
Le Soudan est maintenant dirigé par un Conseil souverain formé de civils et de militaires, chargé de superviser la transition du pays vers un régime civil, la principale exigence du mouvement de contestation. Abdallah Hamdok, un économiste réputé, a formé le 5 septembre le premier gouvernement post-El-Béchir.