Cheikh Bamba Dièye à renoncé à sa candidature pour soutenir celle de Khalifa Sall.

Suicides politiques à l’autel d’intérêts crypto-personnels !
 
Du fond de sa cellule, Khalifa Sall a adressé une lettre à Cheikh Bamba Dièye, leader du Front pour le Socialisme et la Démocratie/ Bennoo Jubël (FSD/BJ), ex-maire de Saint-Louis, l’invitant à rejoindre sa coalition et à soutenir sa candidature ! De “Allâhou Wâhidoune” (Dieu est unique) du père Cheikh Abdoulaye Dièye, on en arrive désormais, à “Khalifa Wâhidoune” (Khalifa, l’unique), du fils Bamba Dièye, successeur de son père à la tête du parti.

La semaine dernière, AND Jëf / Pasd (version Mamadou Diop De Croix, le maoïste des années de braise) tient un congrès d’investiture et jette son dévolu sur l’ultra-libéral Karim Wade ! Des retournements de veste qui posent la problématique des appartenances idéologiques au Sénégal.

« Je vais me présenter à l’élection présidentielle du 24 février 2019 et souhaite porter une candidature de large rassemblement, fondée sur les valeurs de liberté, de justice sociale et de solidarité. (…) C’est pour cette raison que je te propose de rejoindre ma candidature pour réaliser, avec toutes les forces vives de la Nation, les transformations structurelles que notre pays ne peut différer sans risque de se perdre », écrit Khalifa Sall à Cheikh Bamba Dièye, qui n’a pas hésité à donner son accord à Khalifa Sall, déjà condamné en première instance pour “faux et usage de faux”, entre autres.

S’il est vrai que feu Cheikh Abdoulaye Dièye, père de CH. Bamba Dièye et fondateur du FSD/BJ avait adhéré au parti socialiste, force est de reconnaître qu’il l’avait quitté pour former son propre parti, légué à son fils CH. Bamba Dièye.

Ce soufi politicien était un exemple de droiture et un mouride convaincu qui faisait “d’Allâhou Wâhidoune” son cri de guerre. L’homme faisait de la politique pour défendre des principes de justice et de droiture. Disparu brutalement dans un accident de la circulation en mars 2002, il fut remplacé à la tête du parti par son fils CH. Bamba Dièye, qui aura marqué les esprits en 2012, dans les combats de rue pour faire tomber le régime d’Abdoulaye Wade.

L’on se rappelle ces images pathétiques où le jeune député CH. Bamba Dièye s’était fait attacher aux grilles de l’Assemblée nationale. Il semble que c’est Barthélémy Diaz qui aurait théorisé ce scénario et Ch. Bamba Dièye n’était qu’un piètre exécutant, désigné par Khalifa Sall, le bailleur de fonds.

Oui, la presse sénégalaise avait révélé que CH. Bamba Dièye percevait régulièrement une rémunération de la mairie de Dakar, venant de cette fameuse “caisse d’avance”. Les faits le confirment : Ce jeune ingénieur de l’École nationale des Travaux publics d’Alger faisait partie des favoris de la présidentielle de 2019, mais voilà que l’injonction de Khalifa Sall, devenu depuis lors son soutien financier, vient remettre en cause l’agenda politique d’un homme qui suscitait beaucoup d’espoir. En renonçant à sa candidature, CH. Bamba Dièye s’est fait politiquement harakiri.

Quant à Mamadou Diop Decroix, il suffit de lire ce que son biographe écrit de lui pour mieux le comprendre : Sexagénaire, visage familier du paysage politique sénégalais, authentique soixante-huitard, adepte de la jacquerie, a quasiment, jusqu’ici, consommé son existence en remettant en cause les ordres établis.

Une des figures dirigeantes du mouvement élève et étudiant – il avait dix-huit ans en 1968 –, il obligera le Président Léopold Sedar Senghor à user de moyens radicaux pour le neutraliser : exclusion de l’Université de Dakar par décret pour fait de grève ; enrôlement de force dans l’Armée. Toutes choses qui n’émousseront pas l’ardeur d’une teigne dont les menées politiques sous Senghor, ensuite sous le Président Abdou Diouf, seront sanctionnées par huit arrestations et cinq séjours carcéraux.

Homme à plusieurs facettes, volontiers et souvent facétieux face à ses contradicteurs, Decroix est aussi un dirigeant syndicaliste teigneux…Il fonda “And-Jëf/Xaree-bi” (La lutte armée), en 1973, avec son «jumeau», Landing Savané”.

C’est ce maoïste pur et dur, qui s’illustre il y a une semaine, par un suicide politique assez singulier : “And Jëj/ Pads vient de tenir son congrès d’investiture, non pas pour investir, Mamadou Diop Decroix, son Secrétaire général et député à l’Assemblée nationale, mais pour investir un ultra libéral Karim Wade du PDS !”.

Qui n’a pas compris que Diop Decroix a troqué sa candidature et son soutien à Karim contre un poste de député et de surcroit, une place au sein du bureau de l’Assemblée nationale. Karim Wade, est frappé d’inéligibilité au Sénégal, pour avoir été condamné d’un emprisonnement ferme de six ans, en plus d’une amende de 138 milliards de francs CFA, pour enrichissement illicite.

En renonçant à sa candidature en faveur d’un candidat inéligible, Decroix s’est non seulement renié, mais a aussi opéré un suicidé politique qui risque d’assombrir son passé glorieux, de combattant pour les causes justes. Il l’est d’autant plus que Karim n’a jamais participé à une lutte politique au Sénégal et n’a jamais eu un mandat du peuple sénégalais.

Il parait cependant bizarre que ces deux forfaitures majeures, n’aient pas été suffisamment mises en exergue, par une certaine presse, pourtant prompte à dénoncer les transhumances politiques !