Fayez al-Sarraj et Khalifa Haftar vont-ils trouver un terrain d’entente ?

Le maréchal Khalifa Belqasim Haftar, commandant en chef de l’Armée nationale Libyenne (ANL) basé à Benghazi et son rival Fayez Al-Sarraj chef du Conseil présidentiel du Gouvernement d’Union nationale (GNA), basé à Tripoli, s’étaient rencontrés les 27 et 28 février dernier à Abu Dhabi, dans la capitale émiratie. Les belligérants avaient alors conclu un accord de principe pour la tenue d’élections courant 2019. Dans ce cadre, les Nations Unies avaient programmé la tenue d’une Conférence nationale, prévue du 14 au 16 avril 2019 à Ghadamès (sud-ouest) du pays, dans le but de dresser une « feuille de route » pour la tenue d’élections inclusives en Libye.

Alors que l’envoyé spécial des Nations Unies, M. Ghassan Salamé s’activait pour la tenue d’une Conférence nationale à Ghadamès (Sud-ouest de la Libye) du 14 au 16 avril 2019, le maréchal Khalifa Haftar, chef de l’ANL a déclenché une offensive vers Tripoli, depuis jeudi 4 avril.

L’objectif : occuper la capitale libyenne qui sert de base au Gouvernement d’Union nationale(GNA) dirigé par Fayez Al-Sarraj qui bénéficie de la reconnaissance de la communauté internationale. Cette offensive est enclenchée par le maître de Benghazi au moment où le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, effectuait une visite en Libye !

Ce dernier a d’ailleurs tenté, sans succès, d’obtenir un cessez-le-feu. L’on se demande si le maréchal Haftar cherche à occuper carrément Tripoli ou à gagner simplement du terrain pour se mettre en position de force lors de la prochaine Conférence nationale ? Selon Haftar : “C’est bien Al-Sarraj qui avait refusé naguère de négocier avec nous. Maintenant que les hostilités sont déclenchées, la parole est aux armes“, clame-t-il.

La diplomatie européenne, s’active pour sa part, en vue de trouver une solution négociée entre les protagonistes. En 2017, l’Égypte avait tenté par deux fois de suite de réunir les deux frères ennemis, mais ces démarches avaient débouché sur un échec patent. Ce n’est qu’en février dernier que les Émirats arabes unis en partenariat avec l’Onu que Haftar et Al-Sarraj se sont rencontrés pour signer un accord de principe pour la tenue d’élections dans le pays.

L’offensive de la semaine dernière risque de compromettre les efforts de paix jusque-là consentis de part et d’autre. En Libye, il n’existe plus d’armée nationale. Les différents groupes ou “Qabaïl” disposent de milices indépendantes les unes des autres. Le maréchal Haftar dont on dit qu’il serait le protégé des Émirats arabes unis et de l’Égypte est à la tête de l’ALN qui commande l’Est du pays.

En face, le chef du Conseil présidentiel du Gouvernement d’Union nationale (GNA) basé à Tripoli (la capitale), au Nord-ouest, jouît de la reconnaissance de la communauté internationale, mais ne dispose pas d’une légitimité populaire ou de forces militaires, capables d’imposer la paix et la sécurité dans le pays.

Si l’on se fonde sur le passé récent, seuls les Émirats arabes unis semblent détenir les clés du dialogue entre les belligérants. Dialogue, sans lequel, Tripoli risquerait de tomber entre les mains du maréchal Haftar, qui pourrait phagocyter, grâce à ces victoires militaires sur le terrain, la plupart des groupes combattants, ce qui aboutirait à une occupation de Tripoli et des puits de pétrole par les forces de l’ANL, sous le commandement du maréchal Khalifa Belqasim Haftar.

En attendant, l’on se demande si la fameuse conférence nationale du 14 avril pourrait-elle se tenir à date échue, en dépit de l’insistance de M. Salamé, envoyé spécial de l’Onu en Libye ?