Encore une fois, les leaders politiques africains seront nombreux à assister à l’assemblée générale de l’ONU qui commence, lundi, à New-York. Le thème de cette session est accrocheur :« Dynamiser les efforts multilatéraux pour l’éradication de la pauvreté, l’éducation de qualité, l’action contre le changement climatique et pour l’inclusion ».
Assurément ces défis interpellent l’Afrique et l’ensemble du monde, mais mobilisent, très peu les pays riches et les grands groupes capitalistes qui contrôlent l’économie internationale.
Parce que ceux qui profitent de l’ordre mondial inégal ne veulent pas perdre leurs privilèges qui reposent sur l’exploitation des plus pauvres, habitant les pays du Sud et, aussi les ghettos des pays occidentaux.
La pauvreté n’est pas une fatalité. Elle est l’ombre portée d’un système capitaliste qui, s’il ne l’a pas, toujours créé, se développe, en la favorisant à l’échelle planétaire. Dans les pays du Nord la pauvreté, crasse du début de la Révolution industrielle n’est certes plus de saison. Mais des millions de citoyens y vivent dans la misère : SDF, chômeurs de longue durée, réfugiés, paysans retraités, couches sociales marginalisées (Tsiganes, Gitans et autres Gens du voyages) en Europe. Migrants « latinos » aux USA, etc.
Éradiquer la pauvreté, ou même garantir une assurance maladie à tous les citoyens n’est pas un thème de campagne toujours mobilisateur dans les États occidentaux.
La lutte contre le « changement climatique » le devient et rassemble beaucoup de monde.
On peut comprendre donc qu’il soit introduit dans ce thème « fourre-tout », qui cherche à ratisser large. Ce débat posé, de manière lucide, pousse au scepticisme, quant à la volonté réelle des « grands de ce monde » de s’investir dans la lutte contre la misère et « l’éducation de qualité » ?
Favoriser l’accès à l’éducation pour les enfants des pays du Sud, n’a jamais été un objectif pour les États du Nord. L’hypocrisie leur fait déclarer le contraire de ce qui les motive véritablement et qui est la préservation de leurs intérêts égoïstes. Et c’est pourquoi de nombreux programmes onusiens et autres, au niveau de l’UNESCO, par exemple, sont mis en place, et font des résultats appréciables, mais très limités.
L’Occident n’a pas vocation à éradiquer la pauvreté dans le Sud, encore moins à y développer une éducation de qualité. Maintenir les populations dans l’ignorance et la misère, tel est son choix et son intérêt, à court terme.
En effet, ce sont bien ces fléaux (misère et ignorance) qui poussent de nombreux jeunes du Sahel dans les bras des terroristes islamistes qui constituent un danger pour les Occidentaux, aussi. En vérité, l’Occident est piégé, comme du temps de la colonisation, lorsqu’il pratiquait une politique systématique de blocage du développement de l’éducation dans les colonies.
S’il continue de détourner le regard, les pays du Sahel et d’autres régions africaines en proie au péril terroriste, vont fournir, à leur corps défendant, de nombreuses recrues à Al Qaida, Boko Haram, les Shebabs etc. Cette menace est planétaire, comme l’est celle de la déforestation à laquelle se livrent les populations démunies, partout, dans le monde.
Aider les pays du Sud est donc dans l’intérêt, bien compris, de tous. Du temps de la colonisation, l’implantation des écoles occidentales participait d’un impératif capitaliste à former un personnel de bas échelon, nécessaire pour certaines tâches administratives, et autres, pour une optimisation de l’exploitation capitaliste.
Comme une ruse de la Raison, cette « ouverture » a permis la naissance d’intellectuels farouchement opposés à la colonisation et qui l’ont combattue.
Ce bref rappel historique devrait tempérer les ardeurs des uns et des autres en ce qui concerne ce nouveau rendez-vous onusien. De beaux discours y seront prononcés, de belles initiatives lancées, et presque rien ne suivra. Combien de fois des financements ont-ils été annoncés pour le G5 Sahel, par exemple ?
Les leaders politiques africains savent à quoi s’en tenir et devront compter d’abord et, avant sur eux-mêmes. Il faut mobiliser les ressources africaines pour développer l’éducation, et par-là-même, lutter, plus efficacement contre la pauvreté. L’ignorance fait le lit de la misère. Elle est le fléau des fléaux.
La protection de l’environnement est fille de la connaissance et de la prise de conscience de la dépendance de l’homme vis à vis de la Nature. Il faut donc aller à l’ONU, avec des idées claires, pour défendre les pays du Sud, dont les populations constituent l’immense majorité de l’Humanité. Et, tenir un discours de vérité aux Occidentaux !