Le Sénégal entame la dernière ligne droite vers la Présidentielle. Prévue le 24 février prochain, cette élection oppose cinq candidats. Considéré comme l’un des rares pays démocratiques en Afrique, le Sénégal compte, encore, prouver au monde sa capacité à organiser des élections transparentes et sans incidents.
Plus que sept jours nous séparent de la présidentielle au Sénégal. Sur une trentaine de candidats au départ, 22 avaient fini recalés à l’étape du parrainage au moment où deux autres n’ont pas pu entamer la course à cause de condamnations judiciaires. Aujourd’hui, cinq candidats tentent de convaincre les sénégalais de voter pour eux. « Afriqueconfidentielle » a dressé pour vous leurs portraits.
Macky Sall, l’Architecte du plan d’émergence
« Un candidat qui a fait ses preuves et qui n’a plus besoin de prêcher pour convaincre, vu son bilan très satisfaisant ». C’est ainsi que les partisans du président sortant, Macky Sall, le définissent. Aujourd’hui à la tête de la coalition Benno Bokk Yaakaar, ce géologue qui a initié le Plan Sénégal Émergent (PSE) part favoris pour briguer un second mandat à la tête du pays.
Né en 1961 à Fatick, dont il fut maire de 2009 à 2012, il a occupé le poste de Premier Ministre de 2004 à 2007, de même qu’il était président de l’Assemblée nationale sénégalaise de 2007 à 2008. Il a également coiffé les postes de ministre des Mines, de l’Énergie et de l’Hydraulique (de 2001 à 2003), puis ministre d’État, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales.
Fin politicien, l’homme qui a gouverné le Sénégal pendant les sept dernières années avait pu renverser la donne en sa faveur lors de la présidentielle de 2012. Affrontant le président sortant à l’époque, Abdoulay Wade, le candidat Sall s’était imposé au deuxième tour en réunissant tous les candidats battus dans la coalition BBY.
Idrissa Seck, l’expérimenté aux erreurs de novices.
Aucun autre politicien n’a perdu autant d’élections au Sénégal que l’ancien premier ministre Idrissa Seck. L’homme qui est à sa troisième candidature pour devenir président est aujourd’hui à la tête du parti Rewmi. Nourrissant depuis plusieurs mois son rêve de présidence, l’homme de 59 avait fini par se tirer une balle dans le pied. En effet, celui qu’ont présenté comme un challenger redoutable s’est attiré les foudres des sénégalais par des déclarations très controversées sur les lieux du pèlerinage sacré des musulmans.
Et il n’y a pas que sur le volet religieux que l’homme d’affaires et consultant spécialisé en finance et stratégies de développement est attaqué. Le candidat Seck est également rattrapé par l’affaire dite des « chantiers de Thiès », consistant en des accusations de surfacturation de travaux réalisés dans la ville dont il fut le maire. Idrissa Seck se distingue également en étant le seul candidat à la présidence dont les propos ont été condamnés par l’Organisation islamique pour l’éducation, les sciences et la culture (ISESCO).
Ousmane Sonko, le candidat antisystème qui s’embourbe dans le système.
Inspecteur des impôts de formation devenu député après sa radiation de la fonction publique pour manquement au droit de réserve, Sonko est devenu au fil des mois l’une des figures majeures de l’opposition sénégalaise. Âgé de 45 ans seulement il est le plus jeune candidat au poste de président de la république. Gagnant de plus en plus de sympathisants, le jeune homme ne risque pas de créer la surprise lors de ces élections estiment les observateurs. Toutefois, le candidat a su faire parler de lui en se positionnant au-devant de la scène politique sénégalaise.
Sonko qui se présentait comme une rupture avec la vieille classe politique a toutefois passé de l’extrême à l’extrême. En effet, le candidat qui se disait antisystème est aujourd’hui en plein dedans. Le jeune candidat, taxé de salafisme par plusieurs, rassemble aujourd’hui les jeunes salafistes du pays autour de sa candidature. Sa liaison avec Pierre Goudiabi Atépa, jugée dangereuse, comporte selon les observateurs, les germes d’une menace réelle pour la paix et la stabilité dans un pays reconnu pour ses élections pacifiques.
Madické Niang, l’outsider.
Personne ne l’attendait et pourtant il est là. L’ancien ministre des Affaires étrangères Madické Niang est la surprise de la présidentielle 2019, selon les observateurs. Au départ, l’homme de 66 ans ne devait même pas figurer sur la liste des candidats. Il était le plan B en cas d’invalidation de la candidature de Karim Wade, fils du l’ancien président et leader du PDS, Abdoulay Wade.
Compagnon de route de l’ancien président pendant 34 ans, il se dit aujourd’hui émancipé d’une « tutelle pesante ». Avocat de profession et de carrière, Madické Niang, promet notamment de mettre en place, une fois élu à la magistrature suprême, une nouvelle manière de gouverner à travers un rétablissement de la confiance entre la justice et les justiciables. « Mon premier chantier sera de tout faire pour assurer l’indépendance de la justice », souligne-t-il, en espérant sans doute que ces engagements ne soient pas interprétés comme des esquives d’avocat.
Issa Sall, le mariage religion/politique
Coordonnateur national du Parti de l’unité et du rassemblement/PUR, dont le président est Serigne Moustapha Sy, guide moral de la confrérie tidjane des Moustarchidines Wal Moustarchidaty, Issa Sall, peut compter sur le vote de cette communauté qui lui aurait permis d’arriver quatrième au niveau national aux Législatives de juillet 2017. Toutefois, ces votes ne pourront pas être suffisant pour briguer la présidence estiment les observateurs. Le candidat va donc devoir élargir sa base d’électorat.
La construction citoyenne et la valorisation culturelle, ainsi que la promotion d’une économie inclusive et durable portée par un secteur privé national fort, sont les principaux points du programme de Issa Sall dont le plus grand défi sera de convaincre au-delà du cercle, très soudé mais restreint, de son électorat religieux habituel. Dans ses meeting, l’homme met toujours en avant le fait que qu’il représente « le seul parti dont le candidat n’est pas le président ».