Les manifestations antigouvernementales se sont poursuivies le week-end dernier au Soudan. Une nouvelle marche devait avoir lieu hier vers le palais présidentiel et la police soudanaise a dispersé vendredi à coups de gaz lacrymogènes de nouvelles manifestation.
Le Soudan est en proie depuis plus de deux semaines à un mouvement de contestation, constituant le défi le plus sérieux du président Omar El-Béchir. Les manifestations ont débuté le 19 décembre dans plusieurs villes avant de s’étendre à la capitale Khartoum, pour dénoncer une hausse du prix du pain en plein marasme économique. Mais la contestation s’est vite transformée en un mouvement contre le régime.
Vendredi, après la prière hebdomadaire, des manifestants ont crié « Liberté, Paix, Justice » en sortant d’une mosquée à Oumdourman, ville située sur la rive ouest du Nil, selon l’AFP. Mais des policiers anti-émeutes ont lancé du gaz lacrymogène pour les disperser. La police a également dispersé une manifestation à Khartoum à l’aide de lacrymogènes.
Un groupe de la société civile, organisant certaines des manifestations et rassemblant médecins, enseignants, professeurs et ingénieurs, a annoncé dans un communiqué l’arrestation d’un de ses dirigeants.
Mohamed Naji al-Assam, le porte-parole du groupe, l’Association soudanaise des Professionnels, a été arrêté en soirée et emmené vers une destination inconnue, a précisé l’organisation, cité par l’AFP.
Plusieurs leaders de l’opposition, des militants et des journalistes ont été arrêtés par le tout puissant Service national du renseignement et de la sécurité (NISS) depuis le début des protestations déclenchées par la hausse du prix du pain, passé mi-décembre d’une livre soudanaise (1 centime d’euro) à trois.
Au moins 19 personnes ont été tuées depuis le début de la contestation, selon les autorités. Amnesty International a fait état de son côté de la mort de 37 manifestants et l’ONU a appelé à une enquête indépendante.
Amputé des trois quarts de ses réserves de pétrole depuis l’indépendance du Soudan du Sud en 2011, le pays est confronté à une inflation de près de 70% par an et à une grave crise monétaire. Plusieurs villes souffrent de pénuries de pain et de carburant.