La Cour constitutionnelle de la RD CONGO a tranché dans le sens de la CENI (commission électorale nationale indépendante ) et a confirmé les résultats validés par celle-ci.
Du coup, elle a rejeté la demande de l’union africaine de « suspendre la proclamation des résultats définitifs » du scrutin présidentiel du 30 décembre. Ce choix est logique car, autrement la porte serait ouverte à la confusion et au chaos.
L’UA a voulu remettre en cause un processus électoral au dernier moment et de manière tendancieuse. Les résultats officiels sont certes discutables, voire même peu crédibles, mais les têtes de file de l’UA qui les contestent, sont eux-mêmes peu crédibles dans leur nouveau rôle de défenseurs de la démocratie.
Ainsi, la RD CONGO a opté pour la fuite en avant qui met en selle Félix Tshisekedi et le régime Kabila qui vont s’allier, dans un système politique de cohabitation inédit dans ce pays. Seul le recours à la force pourrait changer la donne et aucun pays de la sous-région n’y a intérêt.
Quelle posture va être celle de l’UA désavouée et défiée en même temps ? La mission prévue demain et qui devait être dirigée par Paul Kagame, est-elle toujours pertinente ? Va-t-elle être maintenue ?
Le réalisme politique exigerait qu’elle soit reprogrammée, en attendant que la tension baisse en RD CONGO. Mais elle pourrait aussi aider à calmer les esprits, si les membres de la délégation sont bien choisis. La présence de Kagamé ne serait pas souhaitable car ses relations avec Kabila ne sont pas des meilleures.
Quid de la France et de la CENCO qui avaient déclaré que les résultats n’étaient pas conformes ? Jean-Yves Le Drian avait parlé trop vite, en oubliant ses immenses responsabilités de chef de la diplomatie française. L’église congolaise, quant à elle, avait choisi de jeter de l’huile sur le feu et défier la Cour constitutionnelle et le régime Kabila, dans son ensemble.
Elle est maintenant face à un choix cornélien : persister dans le rejet des résultats et favoriser une explosion sociale ou les accepter et se dédire ? Martin Fayulu, dont les recours sont rejetés est aussi face à un dilemme : engager l’épreuve de force ou continuer à protester pacifiquement ? La seconde option est-elle possible dans un pays en proie à la passion ? On peut en douter.
D’une certaine façon, le scrutin du 30 décembre n’a rien réglé : la situation politique de la RD CONGO est plus critique que jamais. Kabila, si les choses en restent là, va certes passer la main, mais va rester le maître du jeu car son parti contrôle l’Assemblée, le Sénat, les provinces et la majorité des postes de gouverneurs.
Toutefois, avec le système présidentiel, en vigueur dans le pays, Félix Tshisekedi, s’il est investi, aura des pouvoirs réels et importants. Va-t-il alors se contenter d’inaugurer les chrysanthèmes ? Qui peut le croire.