Le général Ahmed Gaïd Salah, chef d’État-major de l’Armée algérienne et vice-ministre de la Défense a fait une sortie surprenante hier, en demandant que le président Abdelaziz Bouteflika, handicapé par un AVC qu’il traine depuis 2013, soit déclaré “inapte à exercer le pouvoir“, en enclenchant la procédure prévue par l’Article 102 de la Constitution, applicable “en cas de maladie grave et durable, rendant le président de la république, incapable totalement d’exercer ses fonctions“. Cette annonce que certains trouvent tardive, n’est venue que plus d’un mois après l’éclatement d’une immense contestation populaire, réclamant le départ de Bouteflika et les hommes de son réseau.
À la surprise générale, le chef d’État-major de l’armée algérienne, le général Ahmed Gaïd Salah, considéré comme un proche de Bouteflika a proposé que le Conseil constitutionnel puisse statuer et constater l’inaptitude du président de la République Abdelaziz Bouteflika “à exercer le pouvoir, en vertu de la Constitution ou qu’il démissionne“, conformément aux dispositions de l’article 102.
La rue algérienne qui manifeste pacifiquement depuis plus d’un mois, reste tout de même sceptique : “pourquoi attendre maintenant pour constater des évidences qui datent de 2013“, se demande-t-elle ?
Pour beaucoup d’Algériens, cette nouvelle offre du patron de l’Armée n’est rien d’autre, qu’une sorte de fuite en avant et une tentative de plus, pour gagner encore du temps. La procédure de l’Article 102 prévoit que “Si l’empêchement se poursuit au-delà d’un délai de 45 jours, le pouvoir est déclaré vacant“. Dès lors, un intérim est ouvert pour 90 jours au maximum, durant lesquels, une présidentielle est organisée, sans la participation du président intérimaire.
La difficulté dans cette procédure est qu’elle semble trop longue pour ces jeunes frondeurs, très pressés de bouter dehors, tous les apparatchiks du système “Bouteflika”. Ils estiment également que ce serait une nouvelle manière pour l’Armée, qui a fourni tous les présidents de l’Algérie depuis l’indépendance à nos jours, de perpétuer sa présence à la tête d’un “système”, jugé caduc et dépassé.
De l’autre côté, l’on a peur que la situation en Algérie ne bascule vers une sorte d’anarchie à la libyenne, d’après Kadhafi ou qu’elle ne s’enlise dans une islamo-démocratie, à la tunisienne.
En attendant, l’issue de la “solution” qui vient des casernes, les Algériens continuent la pression dans la rue, qui, malgré tout, produit des effets qui pourraient mener le pays vers des lendemains plus démocratiques.