Le président nigérian Muhammadu Buhari veut rempiler et il l’a fait savoir aux membres de son parti. Il sollicite leur appui pour une nouvelle investiture comme candidat à la présidentielle.
La sortie de Buhari pose problème dans la mesure où l’homme élu depuis 2015 s’est illustré par des échecs retentissants que ce soit dans la lutte contre la corruption ou, pire face aux terroristes de Boko Haram.
Dans les deux cas il a d’abord fait illusion en prenant le taureau par les cornes : de nombreux dignitaires de l’ancien régime ont été arrêtés et traduits en justice et la lutte contre Boko Haram a connu des succès fulgurants avant un enlisement qui semble irréversible.
Maintenant, la promesse d’éradiquer le groupuscule terroriste n’est plus à l’ordre du jour. Le gouvernement négocie en catimini pour faire libérer les otages. Ce fut le cas récemment avec les jeunes collégiennes kidnappées à Dapchi.
Ensuite, Buhari qui a été tenu éloigné du pays pendant de longs mois pour des soins à Londres avait laissé le pouvoir exécutif à son vice-président. Cette longue absence a consacré une césure que l’ancien général n’a jamais pu rattraper, si on peut dire. Son leadership en a pris un coup et ce d’autant qu’il est revenu visiblement diminué physiquement.
Il vient de faire sa première visite à Lagos, la capitale économique du pays. Ses déplacements à l’intérieur comme à l’extérieur sont très limités. Tout cela suscite bien des interrogations sur son état de santé qui reste un secret d’État.
À 75 ans l’homme n’est plus un recours et les engagements pris pendant sa campagne victorieuse n’ont pas été respectés. Que pourrait encore promettre Buhari pour regagner sa popularité perdue dans de nombreuses régions du Nigeria à l’exception notable du Nord dont il est originaire et où le facteur ethnique et religieux joue en sa faveur.
Le problème est que les Nigérians sont pour moitié musulmans et pour moitié chrétiens.
En ce qui concerne les ethnies, il y a une grande diversité même si les Haoussa-Fulani du Nord et les Yoroubas du Sud-ouest sont majoritaires. Mais ils ont besoin les uns des autres pour s’imposer électoralement.
Une candidature Buhari ne va pas de soi. Elle ne garantit pas la victoire à son parti où couve un mécontentement réel. Il ne faut pas exclure que Buhari soit défié par un camarade de parti.
L’immense Nigeria, avec ses 180 millions d’habitants, pays le plus peuplé d’Afrique va connaître de nouvelles turbulences politiques si Buhari persiste dans sa volonté de se succéder à lui-même.
Le bon sens devrait le pousser à prendre la retraite pour finir de manière digne sa carrière politique. Mais la drogue du pouvoir est si puissante qu’elle ne laisse, souvent, aucune place à l’analyse lucide.