Depuis une décennie, le groupe terroriste Boko Haram sème assassinats et kidnappings au Nigeria, au Cameroun, au Tchad et au Niger. Comme une hydre à plusieurs têtes, Boko Haram a survécu à l’élimination de son premier leader Abubakar Yusuf et à ses « mues » qui ont fait se succéder à sa tête Abubakar Shekau et Barnaoui.
Aujourd’hui, c’est le flou qui règne quant à ce qui concerne le « vrai » dirigeant du groupe. Plusieurs fois annoncé pour mort, Shekau est réapparu pour narguer l’armée nigerianne et continuer son action criminelle.
Le certain est que, après dix ans de règne par la terreur, Boko Haram est plus enraciné que jamais dans les quatre pays frontaliers du lac Tchad. Les États concernés sont incapables de l’éradiquer, malgré les rodomontades des uns et des autres. Pire, Boko Haram s’est scindé en deux entités, au moins, l’une aussi terrifiante que l’autre. La constante est l’affiliation à l’État islamique et l’idéologie salafiste terroriste.
D’ailleurs les Nations-Unies ont classé Boko Haram comme une organisation terroriste depuis 2014. Les crimes de Boko Haram sont abominables avec des actions kamikazes, des enlèvements d’enfants, des viols, des assassinats de masses, bref la terreur à l’état pure.
Ce qu’il faut déplorer c’est l’impuissance des États concernés au premier chef, à agir efficacement, de concert, sur le plan militaire, pour réduire, définitivement Boko Haram. L’armée nigerianne, à elle seule, si elle était professionnelle et dévouée, aurait pu tuer dans l’œuf ce qui n’était qu’une « révolte provinciale » au départ, dans la ville de Maiduguri.
Malheureusement cette armée souffre de tous les maux qui gangrènent le pays le plus peuplé d’Afrique : corruption généralisée, régionalisme, politisation de l’armée, inefficacité de l’État, népotisme etc.
Curieusement le général Mohamed Buhari qui avait fait campagne, avec la promesse d’éradiquer Boko Haram, a non seulement lamentablement échoué, mais s’est fait réélire pour un second mandat. Sa lutte contre la corruption est certes médiatisée, mais ne semble pas être décisive.
La mal dont souffre le géant nigérian, est aussi endémique au Niger, au Tchad et au Cameroun. Il s’y ajoute que ces quatre pays couvrent une superficie énorme qu’ils n’ont pas les moyens de défendre. Boko Haram y est comme un poisson dans l’eau et frappe quand il le souhaite.
La recrudescence des attaques, cette année, démontre que le groupe terroriste représente une menace sérieuse et permanente. L’aide extérieure est nécessaire, comme au Sahel, pour venir à bout des terroristes.
Et c’est dans l’intérêt bien compris de la communauté internationale, car l’Afrique est entrain de devenir, un lieu d’ancrage des groupuscules terroristes chassés du Moyen et du Proche Orient, voire d’Afghanistan. Le continent est entrain de devenir le maillon faible, de la Libye, à la Somalie, du Soudan, au Tchad, du Niger au Burkina, du Nigeria au Cameroun.
Les terroristes qui sévissent dans ces pays recrutent parmi les jeunes désœuvrés et en proie à la misère qui sont très nombreux, et de plus en plus nombreux. L’explosion démographique est une chance pour l’Afrique, mais aussi une menace potentielle quand le chômage tue l’espoir et nourrit la haine. Quand la misère se répand comme une trainée de poudre et que les prêches enflammées, sans rime ni raison convertissent les esprits émasculés de jugement critique.
Il faut combattre les terroristes par les armes et par le verbe, pour déconstruire leurs discours nihilistes. L’islam de Boko Haram est aux antipodes de celui pratiqué par plus d’un milliard de fidèles à travers le monde. Il est une religion de paix et de fraternité. Non un galimatias concocté comme une recette pour meurtre.
Boko Haram est une hérésie qui doit être combattue sans répit, partout où elle sévit. Il faut se désoler que, pendant une décennie, le monde a plutôt fermer les yeux, sauf quand il a fallu dénoncer l’enlèvement de lycéennes de Chibok. Même si la mobilisation n’a pas été décisive. Jusqu’ici certaines des lycéennes kidnappées sont encore portées disparues.