Ancien ministre algérien de la Justice de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika, Tayeb Louh, a été placé jeudi en détention préventive. Il a été en effet inculpé notamment d’« abus de fonction » et d’« entrave à la justice », ont annoncé les médias publics.
« Le magistrat instructeur ordonne le placement en détention préventive de l’ex-ministre de la Justice Tayeb Louh », a indiqué un bandeau déroulant sur la chaîne de télévision nationale A3, sans donner d’autres détails.
L’ancien ministre est « poursuivi pour abus de fonction, entrave à la justice, incitation à la partialité et incitation à faux en écriture officielle », précise de son côté l’agence de presse officielle APS annonçant également son placement en détention.
Tayeb Louh était un fidèle du chef de l’État déchu, poussé à la démission le 2 avril par un mouvement de contestation inédit. Il a participé sans discontinuer à tous les gouvernements entre 2002 et 2019.
D’abord ministre du Travail de 2002 à 2013 -à l’exception d’une brève parenthèse de trois mois après son élection comme député en 2012- il a ensuite été ministre de la Justice de 2013 à fin mars 2019.
Fin juillet, le Parquet d’Alger avait indiqué avoir ouvert une enquête « à l’encontre du dénommé Tayeb Louh, ex-ministre de la Justice, concernant des faits à caractère pénal relatifs à la corruption ».
Depuis la démission de Bouteflika, la justice algérienne a ouvert une série d’enquêtes sur des faits présumés de corruption, visant plusieurs ex-hauts responsables sous ses mandats consécutifs (1999-2019) et des hommes d’affaires accusés d’avoir profité de leurs liens privilégiés avec son entourage.
Deux anciens Premiers ministres, neuf anciens ministres, un ex-directeur général de la police, plusieurs ex-dirigeants d’entreprises publiques et une dizaine de puissants hommes d’affaires à la tête d’importants groupes privés ont été placés en détention préventive ces derniers mois.
Censées satisfaire la contestation contre le régime, ces enquêtes -encouragées publiquement par le chef d’état-major de l’armée le général Ahmed Gaïd Salah, véritable homme fort depuis la démission de Bouteflika- pourraient également servir, selon les observateurs, à régler des comptes au sommet du pouvoir.