Le Sénégal vient de perdre, en la personne de Amath Dansokho, un homme politique remarquable, dans tous les sens du terme.
En effet, opposant communiste farouche au régime de Senghor, formé dans les pays de l’Est, il a su polir son image et s’imposer comme médiateur et/ou fédérateur de tous les opposants sénégalais, au fil de l’évolution politique du pays.
C’est ainsi, par exemple, qu’il a soutenu Abdoulaye Wade opposant et l’a combattu, alors qu’il était président de la République. À couteaux tirés avec le régime socialiste de Senghor, il a fini par intégrer un gouvernement d’ouverture mis sur pied par Abdou Diouf, successeur du président-poète.
Marxiste bien inspiré, donc réaliste, il a refusé le dogmatisme inhibiteur et a toujours privilégié le dialogue, tout en restant intransigeant sur la défense des intérêts des populations. L’homme était attachant, bon vivant et d’une simplicité désarmante.
Dansokho est resté, toute sa vie, sans façon, égal à lui-même, et c’est sans doute ce comportement authentique qui lui a attiré la sympathie d’une grande partie des Sénégalais. Même si, son parti, le PIT (parti de l’indépendance et du travail) n’a jamais trusté les premières places sur l’échiquier politique national.
Dansokho est donc devenu un personnage de premier plan, tout en dirigeant une formation politique modeste. Ceci explique aussi, cela.
Tous les leaders de l’opposition, au gré des alternances, acceptaient de se rendre chez lui, plutôt que chez un autre pour dialoguer. C’est donc cette personnalité rare dans le microcosme sénégalais qui a tiré sa révérence, hier soir, à la suite d’une longue maladie.
Il était ministre d’État dans le gouvernement du président Macky Sall, depuis le début, en 2012. Il lui est resté fidèle et ce dernier le lui a bien rendu. Il avait envoyé son directeur de cabinet politique, Mahmoud Saleh lui rendre visite, 24 heures, avant l’instant tragique.
Depuis hier, l’ensemble de la « classe politique » lui rend hommage et, à n’en pas douter, ses funérailles seront grandioses et populaires. Le Sénégal perd un fils patriote et l’Afrique, un défenseur acharné de sa souveraineté.