“Ce sont les urnes qui trancheront.” Telle a été la réponse officielle du gouvernement algérien aux manifestations populaires contre un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika. Le gouvernement algérien a ainsi implicitement écarté lundi l’hypothèse d’un renoncement du président sortant.
« Il y a eu un nombre important de manifestants », a admis lundi le Premier ministre Ahmed Ouyahia, considéré comme un fidèle du président Bouteflika dont il dirige le gouvernement pour la 3ème fois. Mais « les élections auront lieu dans moins de deux mois et chacun choisira librement », a-t-il répondu aux protestataires, écartant tout inflexion du processus électoral.
« Chacun a le droit de défendre son candidat et d’être contre tout autre candidat, les urnes trancheront de manière pacifique et civilisée », a-t-il affirmé lors de la présentation de son discours annuel de politique générale devant les députés.
Répondant à « l’appel au changement » lancé par les manifestants, le chef du gouvernement a renvoyé ces derniers à la conférence « ouverte à tous » qu’a promis d’organiser Bouteflika s’il était élu et où il sera débattu « de tout ». Il a par ailleurs lancé une mise en garde aux Algériens « contre les risques de dérapages sérieux » liés au mouvement de contestation.
Au pouvoir depuis 1999, le président Bouteflika a mis fin récemment à de longs mois d’interrogations sur ses intentions en annonçant qu’il briguerait un nouveau mandat lors de la présidentielle du 18 avril. Affaibli par un AVC dont il a été victime en 2013, le chef de l’État, cloué sur un fauteuil roulant, n’apparaît que rarement en public.
Des appels à protester ont rapidement éclos sur les réseaux sociaux, auxquels les Algériens ont répondu en descendant en masse dans les rues vendredi, notamment à Alger, où les manifestations sont de longue date strictement interdites.
Le délai de dépôt des dossiers de candidature à la présidentielle expire dans moins d’une semaine, le 3 mars à minuit.