L’ancien patron de l’athlétisme mondial Lamine Diack a été condamné mercredi à Paris à quatre ans de prison, dont deux ans ferme, pour son implication dans un réseau de corruption voué à cacher des cas de dopage en Russie.
Lamine Diack a été reconnu coupable de corruption active et passive et d’abus de confiance et a été condamné à une amende maximale de 500.000 euros. Ses avocats ont immédiatement annoncé qu’il faisait appel, alors que Lamine Diack est ressorti libre de la salle d’audience.
Parmi les six prévenus, la peine la plus lourde a été prononcée contre son fils, Papa Massata Diack, qui est resté à Dakar et avait refusé de comparaître au procès en juin: il a été condamné à cinq ans de prison ferme et un million d’euros d’amende et le tribunal a maintenu le mandat d’arrêt à son encontre.
Concernant Lamine Diack, la peine est à la hauteur de la « gravité des faits de corruption qui vous étaient reprochés », a lancé la présidente de la 32e chambre correctionnelle, Rose-Marie Hunault, citée par l’AFP. Elle a jugé qu’il avait « gravement porté atteinte à la lutte contre le dopage” et “violé les règles du jeu de la compétition sportive ».
L’ancien président de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF, 1999-2015) et son fils de 55 ans, qui dirigeait le marketing à l’IAAF, étaient jugés parmi six protagonistes pour avoir permis de retarder, à partir de fin 2011, des procédures disciplinaires à l’encontre d’athlètes russes soupçonnés de dopage sanguin, dont certains avaient été sacrés aux JO de Londres-2012 (Kirdyapkin 50 km marche, Zaripova 3.000 m steeple) avant d’être déchus pour dopage.
Derrière cette indulgence, un deal rocambolesque, révélé par Lamine Diack lui-même durant l’enquête et confirmé par le tribunal: le renouvellement de contrats de sponsoring et de diffusion de l’IAAF avec la banque d’Etat russe VTB et la télévision publique RTR, ainsi que des fonds pour financer l’opposition au sortant Abdoulaye Wade lors de la présidentielle de 2012 au Sénégal. Durant le procès, Lamine Diack avait réfuté tout financement politique.
Les quatre autres acteurs du procès ont tous été condamnés: l’ancien chef de l’antidopage à l’IAAF, Gabriel Dollé, a écopé de 2 ans avec sursis et 140.000 euros d’amende, tandis que l’avocat Habib Cissé, qui conseillait Lamine Diack a été condamné à trois ans de prison dont deux avec sursis et 100.000 euros d’amende. Deux responsables russes jugés par défaut, l’ancien président de la fédération nationale d’athlétisme Valentin Balakhnitchev et l’ancien entraîneur Alexeï Melnikov ont été condamnés respectivement à trois et deux ans de prison ferme, avec maintien du mandat d’arrêt à leur encontre.