À la réaction de certains français, membres du FN, parti d’extrême droite, des descendants de « pieds-noirs », de harkis, de partisans de la droite et même d’une certaine gauche molle aux propos du candidat Emmanuel Macron qui a déclaré en Algérie que « la colonisation est un crime contre l’humanité »; on se rend compte que la France n’est pas encore prête à assumer son passé colonial brutal et criminel.
Pourtant le déni de réalité est vain : « l’épopée » coloniale française comme toutes les autres est une agression barbare et sanglante contre des peuples qui n’avaient rien fait à la France. Ce sont les colonialistes assoiffés de sang, de rapines, d’or, de diamants, bref de matières premières qui ont déferlé comme les hordes d’Attila sur les différents coins du globe pour massacrer, voler, et imposer une domination politique tyrannique. C’est cela la vérité que les français nostalgiques d’une grandeur coloniale bâtie sur les cadavres des « indigènes » veulent enfouir au plus profond de leur mémoire collective.
Aimé Césaire dans son brillant « Discours sur le colonialisme » a tout dit en comparant la colonisation à une volonté de « chosification ».
Les peuples colonisés ont été violés, assassinés, soumis au travail forcé et dépossédés de tous les droits basiques que tout être humain a, du fait même qu’il est un être humain.
Donc assimiler colonisation et crime contre l’humanité coule de source. On peut faire les élucubrations qu’on veut en parlant de « crime contre l’humain »; cela ne change rien à l’affaire.
D’aucuns disent que la notion de crime contre l’humanité pourrait conduire à des poursuites judiciaires. Et alors ? Comme pour l’esclavage qui est aussi un crime contre l’humanité, la France doit assumer son passé; comme le président Jacques Chirac l’avait fait pour les rafles du Vel’dHiv concernant les Juifs pendant la seconde guerre mondiale.
La colonisation a aussi été une entreprise génocidaire. Combien de personnes ont été tuées pour les conquêtes coloniales ? Les travaux forcés ? Les déportations ? Les saisies de terres, les incorporations forcées dans les armées coloniales et métropolitaines et qui ont ensuite servi de chair à canon ?
On ne pourra jamais lister entièrement les crimes commis par les prédateurs colonialistes. Jamais ! Les énormes souffrances infligées à des peuples moins bien armés. Quelle lâcheté !
Face à une telle calamité, qui ose parler « des bienfaits de la colonisation » ? La colonisation n’a eu aucun impact positif. C’est la lutte contre la colonisation qui a été positive. Toutes les conquêtes y compris d’accès à l’école occidentale en sont issues.
Les colonisateurs n’avaient pas pour objectif d’éduquer les indigènes. Ils étaient interdits d’accès à certains concours et classes qui pourraient leur permettre, par exemple de faire des études supérieures.
À la fin de la colonisation belge au Congo Kinshasa, le pays ne comptait pas 5 bacheliers.
Il ne fallait surtout pas permettre aux indigènes de conquérir les connaissances scientifiques et techniques et le savoir scolaire en général qu’ils utiliseraient pour se libérer de la domination coloniale.
Le tollé suscité par les propos de Macron rappelle l’urgence d’engager le débat sur un sujet majeur pour réconcilier la France avec elle-même. Que les livres d’histoire de l’Hexagone puissent révéler la vérité crue aux enfants qui ne sont pour rien dans ce passé cruel de leur pays.
Mais si on doit pardonner; on ne doit jamais oublier.