11 jours de conflit sanglant et un total de 250 tués (238 palestiniens et 12 israéliens), dont 65 enfants palestiniens.
Ce bilan chiffré qui n’intègre pas les blessés et les victimes possibles, encore ensevelies sous les gravats des immeubles bombardés à Gaza, prouve la violence du choc. Et accable les forces israéliennes qui ont délibérément ciblé les civils.
L’objectif était de les terroriser et de forcer le Hamas à la reddition.
Sur ce plan, Netanyahou a échoué, car le Hamas a tenu,comme le démontrent les plus de 4000 roquettes tirées, et de manière soutenue, pendant 8 heures d’affilée, dans la nuit du mercredi à jeudi, pendant que les Israéliens continuaient leurs raids aériens, rapporte CNN.
Ce qui prouve que Netanyahou n’a pas pu les réduire au silence, ou les empêcher de poursuivre les tirs.
C’est dire que les repérages satellitaires, l’aviation et toute la panoplie technologique des Israéliens n’ont pas réussi à écraser le Hamas.
C’est une leçon à méditer par Tel Aviv, qui avait subi un revers similaire avec le Hezbollah au Liban.
Dans le cas du Hamas qui opère dans un réduit comme Gaza, la performance militaire est plus spectaculaire.
D’abord, il faut prendre en compte le tour de force que constitue l’acquisition des roquettes à partir d’ « une prison à ciel ouvert ».
Israël a ciblé des tunnels qui seraient le moyen d’acheminement des armes ; mais leur seule existence met en exergue le fait que personne ne peut empêcher qu’ils soient creusés.
Les stratèges israéliens ont songé, un moment, à entrer à Gaza, pour les détruire.
Mais, ont reculé face, non pas au tollé international probable, mais à l’évaluation des pertes potentielles qu’elles allaient subir.
Evidemment, les répercussions internationales ont aussi été prises en compte.
Et ensuite, la capacité de résistance du Hamas, du Jihad islamique et des populations de Gaza et de Cisjordanie.
Leur situation sociale, économique et sanitaire déplorable, leur a forgé un moral d’acier.
De cet échec, Israël doit tirer des leçons de réalisme politique et ce sont les citoyens qui doivent reprendre la main pour mettre Netanyahou sur la touche, car ses choix stratégiques ne sont pas pertinents ; et pire, vont pousser Israël dans une impasse.
Se réclamer de la démocratie et traiter les palestiniens comme des prisonniers sans droits, c’est être en porte-à- faux ; renier ses propres valeurs démocratiques affirmées à la face du monde.
Par-delà la morale, la condamnation est politique.
C’est pourquoi Biden était si mal à l’aise, avant de finir par parler avec fermeté à Netanyahou, qu’il a eu 4 fois au téléphone.
Il ne pouvait pas faire autrement, car toute remise en cause de la « relation spéciale » entre les deux Etats est inenvisageable, dans un futur proche.
Pour un avenir lointain, rien n’est garanti, car la démographie va changer la donne.
La population juive américaine vieillit et ne compte que pour 2% de la population globale des USA.
Même avec des moyens importants, leur influence va baisser et aussi leur capacité à peser dans le jeu politique américain. Tout change !
En attendant, il appartient aux Etats arabes de jouer, en utilisant leurs énormes moyens pour remporter le combat de la communication contre un « Etat loup », qui se présente comme une « brebis démocratique » et dont les agissements doivent interpeller les juges de la Cour pénale internationale.
C’est au niveau médiatique, dans les réseaux sociaux surtout, que des efforts conséquents méritent d’être faits pour faire basculer l’opinion publique mondiale en faveur des habitants de Gaza, privés de liberté, de respect et de dignité.
Les conditions de vie de ces « prisonniers » entassés dans un territoire exigu, sont exécrables, inhumaines et doivent être dénoncées.
Ce qui revient à convoquer Israël au tribunal de l’histoire politique, pour obliger ses dirigeants à se regarder dans la glace.
Mis au ban des nations, Israël ne va pas renoncer à sa politique colonialiste ; mais pourrait lâcher du lest pour améliorer le sort des habitants des territoires occupés.
Un premier pas serait ainsi franchi sur le chemin de la liberté.
La marche qui serait ainsi enclenchée serait impossible à arrêter vers l’indépendance.
Ce nouvel intifada qui ne dit pas son nom, pourrait être celui de l’ouverture décisive.
Si les Palestiniens maintiennent la pression diplomatique, appuyés par les opinions publiques arabes et mondiales.
Si des moyens conséquents sont investis dans la lutte dans les médias et si la cohésion du peuple palestinien se renforce.
Cela fait beaucoup de « si », mais le déclic de la fin de ramadan 2021 devrait éclairer les consciences et mobiliser les hommes de paix assoiffés de justice.
La preuve est faite qu’Israël ne peut pas dicter sa loi à un peuple debout, attaché à sa terre, son héritage et sa fierté si longtemps bafouée.
Sans le vouloir, Netanyahou a touché une fibre patriotique que rien ni personne ne peut détruire.
Ce n’est pas la première fois que les Israéliens se cassent les dents sur Gaza qu’ils avaient occupé militairement, avant de l’évacuer, tête basse.
Ariel Sharon avait été contraint et forcé de prendre cette décision humiliante.
Aujourd’hui, Netanyahou n’a pas osé faire incursion et s’est plié à l’avis unanime des leaders des différents services de sécurité et d’espionnage du pays (Mossad et Shinbet compris), pour un cessez-le feu avec le Hamas.
L’Egypte a joué l’intermédiaire bienvenu et permet aux deux belligérants (et particulièrement Israël), de sauver la face.