Le chef de l’Etat du Sénégal et Président en exercice de l’union africaine (U.A) ,participe depuis hier dimanche, au sommet du G7 qui se tient en Allemagne.
Il y est l’avocat du continent africain et va y défendre sa cause, dans ce contexte international difficile, marqué par la guerre en Ukraine dont les impacts négatifs touchent la quasi-totalité des pays du monde.
Le thème retenu : « Progresser vers un monde équitable », est d’une brûlante actualité.
En effet ,plus que jamais, les inégalités criardes qui sont constatées entre les pays riches et les pays en voie de développement, continuent de miner le monde, avec une misère insoutenable dans le Sud .
Qui jette dans les griffes de la précarité et du désespoir des millions de personnes en proie aux trafiquants de migrants, de recruteurs djihadistes et/ou terroristes, de vendeurs de sable divers et multiples ,qui prospèrent en exploitant ce « marché criminel ».
Il est donc encourageant que le G7, dont les membres comptent parmi les pays les plus riches du monde, choisisse de cogiter sur ,pour ainsi dire, les conditions de possibilité de la « mondialisation de l’équité ».
A l’évidence, avec toute la bonne volonté du monde, un tel sujet, aux ramifications complexes, ne pourra être traité en profondeur, en trois jours.
Mais, avoir conscience qu’il est un impératif catégorique de l’aborder, dans la situation internationale actuelle, est signe d’une prise de conscience salutaire.
Macky Sall, qui défend depuis toujours l’annulation de la dette africaine, l’élargissement des Droits de tirage spéciaux, l’augmentation des moyens financiers consacrés au partenariat pour le développement, est à l’aise pour plaider la cause africaine.
Un continent qui, cette dernière décennie, malgré un conjoncture en dents de scie et la pandémie de la Covid -qui a freiné une croissance économique en flèche-,a fait des progrès remarquables.
Et prouvé, à la face du monde, qu’elle avait les moyens, la vision et le leadership, pour décoller.
Avec une nouvelle génération de dirigeants bien formés, décomplexés, patriotes et panafricanistes, comme Macky Sall, un homme de science doublé d’un politique expérimenté, qui a réussi à réduire le gap infrastructurel du continent, de manière significative.
C’est le bilan qui fait la crédibilité et cela explique, aussi le respect dont jouit le président sénégalais sur le plan international.
L’équité n’est pas une obole que demande le Sud, mais une promesse démocratique, un droit pour les individus et pour les peuples.
Riches ou pauvres, tous les hommes doivent être traités de manière équitable.
Les inégalités de fait, ne nient pas l’équité de droit.
Ce thème fait basculer dans la philosophie des droits de l’homme, les valeurs spécifiques de l’être humain.
A ce débat de fond, les chefs d’Etat du G7 et leurs invités du Sénégal,d’Argentine,d’Inde, d’Indonésie et d’Afrique du Sud, vont ajouter celui sur la sécurité alimentaire, le renchérissement des prix du pétrole (à travers la question globale de l’Energie) et le défi du changement climatique.
Les deux premiers sujets interpellent les leaders mondiaux, à la lumière de la guerre en Ukraine qui est la cause directe du renchérissement des prix des hydrocarbures (gaz et pétrole), avec les blocages des exportations russes (en gaz et en pétrole), qui impactent négativement le marché mondial.
Avec le blocage des ports ukrainiens qui empêchent les exportations de blé ukrainien dont dépendent de nombreux africains,notamment.
Le G7 est touché directement ,car ses membres sont visés par la Russie, à qui ,ils font une guerre économique dure, (arrêt de l’utilisation de SWIFT, rétorsion contre les oligarques, arrêt des importations d’or etc.) et militaire, avec l’envoi d’armes à Kiev.
En retour, la Russie ,elle aussi utilise l’arme du gaz contre certains pays comme l’Italie et d’autres.
Elle bloque les ports ukrainiens et poursuit ce qu’il faut bien appeler une conquête du Dombasse ukrainien.
Sur cette question précise, le Président Macky Sall a fait le voyage de Moscou et a réussi à sensibiliser le Président Poutine sur l’insécurité alimentaire qui menace de nombreux Etats africains dépendant de l’importation du blé ukrainien.
Son plaidoyer a porté ses fruits, car la semaine dernière un bateau turc a pu charger à partir d’un port ukrainien, avec l’aval des Russes.
L’invitation faite au président en exercice de l’UA n’est pas le fait du hasard. Le G7 sait que sa voix compte ,car il a su maintenir le dialogue avec Moscou et peut jouer un rôle d’intermédiaire fiable,parce que respecté.
Que faudra-t-il attendre de la rencontre du G7 sur cette question cruciale qui, si elle n’est pas résolue, pourrait précipiter une récession économique mondiale dont personne ne sortira vainqueur.
Il faudra bien prendre langue avec Poutine et trouver un modus vivendi.
Il y a urgence !
Sur le défi du changement climatique aussi, la Realpolitik doit s’imposer.
Sur ce plan, aussi ,le temps est compté.
Et tous les pays sont concernés.
A ce sommet du G7,l’absence de la Chine est problématique.
Joe Biden veut engager la lutte contre ce géant économique qui a pris beaucoup d’avance lorsque, pendant toute sa présidence, Trump a préféré regarder ailleurs.
Le moment de ce combat est-il ,stratégiquement bien choisi ?
Rien n’est moins sûr !
Pousser Pékin dans une action pour renforcer ses relations avec Moscou, n’est pas dans l’intérêt du G7 qui est au bord de la récession .
Que faire ?
C’est le titre d’un ouvrage révolutionnaire de Lénine pour mieux organiser la classe ouvrière dans sa lutte.
C’était il y a 120 ans.
Peut-il encore inspirer …des capitalistes ? Peut-être pas !
Mais la même question peut être posée dans le contexte actuel que vit le G7 et le reste du monde.