Le Qatar est dans des eaux troubles et sa situation politique est particulièrement précaire. Cette fois, ses dirigeants sont allés trop loin et Riyad entend remettre les pendules à l’heure et solder, une fois pour toute de nombreux contentieux qui empoisonnaient l’air dans ses relations avec les Qataris.
Les ruptures des relations diplomatiques en série, à la suite de la décision saoudienne, indiquent clairement que le rapport de force politique penche du côté de Riyad. En vérité personne ne pouvait en douter même si la fortune colossale des qataris semblait faire illusion. C’est cette « illusion » qui a perdu les dirigeants de Doha qui ont pu croire qu’ils pouvaient traiter d’égal à égal avec les Saoudiens. Grossière erreur !
De la création de Al Jazeera aux investissements massifs dans les équipes de football européens et dans les multinationales occidentales etc…Doha s’est senti pousser des ailes. Il y a aussi le fait que le Qatar abrite la plus grande base militaire américaine dans la région qui pourrait leur garantir une certaine protection. Sauf s’ils se mettent à dos les saoudiens qui sont les principaux partenaires des Américains et sont beaucoup plus riches que les Qataris. Avec un pays beaucoup plus peuplé et dont la position géopolitique est majeure. Rien à voir avec le petit Qatar certes prospère mais un nain politique et militaire.
Le caractère brutal de la réaction saoudienne et de ses alliés exprime aussi un ras-le-bol longtemps contenu. Les Qataris sont certainement surpris et de plus en plus déboussolés. Toutefois le dialogue est encore possible si Doha prend des mesures radicales pour démontrer sa volonté de ne plus jouer à cache-cache avec ses ex-partenaires du conseil de coopération du Golfe(CCG).
Certains observateurs suggèrent la mise à l’arrêt de Al Jazeera qui critique souvent les régimes arabes. Il y a aussi et surtout les soutiens multiples à des organisations comme les « frères musulmans » et le « Hamas » qui sont des pépinières terroristes.
En clair si Doha veut s’en sortir, il doit donner des gages et changer radicalement de démarche politique. Sinon la fermeté affichée par Riyad n’augure rien de bon pour les Qataris qui dépendent beaucoup de l’Arabie Saoudite pour leurs approvisionnements en nourriture notamment. Avec la fermeture des espaces aériens de plusieurs pays, leur industrie aérienne est déjà en perdition et la coupe du monde football de 2022 en question.
La balle est dans le camp de ceux qui ont allumé le feu par manque de perspicacité politique. Le Qatar est en danger et ses dirigeants doivent en avoir conscience et faire amende honorable le plus vite possible. Pour sauver l’essentiel : la paix dans la région.
Le Qatar n’a pas intérêt à s’allier à l’Iran ou à défier Riyad. Il doit œuvrer pour le dialogue entre tous les pays musulmans et ne pas oublier sa dépendance stratégique vis à vis des Saoudiens. « Il n’y a pas de politique qui vaille en dehors des réalités » disait le général De Gaulle.