Il a fallu plus d’une semaine de manifestations dans les rues de dizaines de villes dans des dizaines d’Etat pour qu’enfin les autorités judiciaires du Minnesota se décident à inculper tous les quatre policiers meurtriers et complices de meurtre dans l’assassinat de George Floyd.
La ténacité et la détermination des manifestants a payé et a permis de franchir une première étape importante avec l’inculpation du quatuor ou quarteron d’assassins qui ont mis à mort un homme coupable de « couleur de peau noire ». Ils l’ont humilié et piétiné jusqu’à ce que mort s’en suive.
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Derek Chauvin rejoint dans l’Histoire américaine des monstres comme l’assassin de Martin Luther King, et ceux innombrables qui ont tué des Noirs sans arme dans les rues. En 2015 sur 104 cas de meurtres d’un africain-américain par des policiers seuls 13 ont abouti à l’inculpation des policiers qui ont commis le crime. Et, même l’inculpation ne garantit pas un procès équitable. Dans certains cas le procès ne va pas à son terme, pour cause de « mistrial » (erreur judiciaire).
Les policiers blancs savent que l’impunité est la règle et la condamnation judiciaire l’exception. Aussi ils s’en donnent à cœur joie pour « casser du nègre ».
Mais, cette fois, la tournure des événement les a surpris car les autorités de l’Etat du Minnesota, face à l’ampleur de la protestation, dans l’ensemble du pays, ont été obligées d’arrêter de faire du dilatoire et d’inculper Derek Chauvin de meurtre au deuxième degré (risque d’une peine de prison de 40 ans) et ses trois complices de complicité de meurtre. La pression de la rue suscitée par une mobilisation sans précédent a forcé la décision judiciaire.
Au début le FBI a sollicité les populations pour recevoir d’autres preuves. Cette sortie a provoqué la colère de beaucoup de manifestants qui ont fait remarquer que la vidéo qui montre Derek Chauvin étouffer George Floyd par son genou qui écrase son cou alors qu’il a son visage enfoncé dans l’asphalte suffit amplement comme preuve d’un crime volontaire, lâche et inhumain.
Aucune circonstance atténuante ne peut être accordée ni à Chauvin, ni à ses trois collègues complices qui ont assisté au lynchage, en l’approuvant par une attitude de complicité qui ne souffre d’aucune ambiguïté.
Il y a du reste une image de la mise à mort où les quatre de l’apocalypse se sont accroupis autour de George Fyod plaqué au sol par Chauvin. Personne n’a esquissé le moindre mouvement pour essayer d’arrêter l’exécution du crime. Ces 4 policiers ont agi de concert et doivent payer pour leur crime barbare.
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Toutefois le mouvement populaire enclenché par cet événement dramatique sonde les profondeurs du mal vivre, du racisme et de la haine qui minent l’Amérique depuis toujours. Et d’un malheur va sans doute résulter un sursaut national pour combattre véritablement la discrimination raciale meurtrière qui balafre le visage de la démocratie américaine. Le rassurant c’est que ce sont les jeunes qui sont le fer de lance de ce mouvement inédit qui est entrain de balayer la peur du Covid 19 et la gangrène raciste qui pourrit le pays.
Le président Barack Obama s’est adressé aux jeunes pour les encourager à continuer le combat de manière pacifique et résolue. Il a mis l’accent sur la « composition » de la foule des manifestants qui est un élément spécifique qui mérite attention. Il ne pouvait dire explicitement ce qui saute aux yeux, à savoir qu’il y a une majorité de jeunes blancs décomplexés et déterminés à combattre le racisme meurtrier.
Cela Trump refuse de le voir et avait menacé de recourir à l’Armée. Son ministre de la défense a eu le courage de s’y opposer, pour le moment. Neuf jours d’affilée, la colère ne faiblit pas et les manifestants continuent de battre le macadam et de défier le couvre feu instauré dans de nombreuses villes. Cela en dit long sur leur détermination qui mérite d’être saluée et comprise.
Le changement est un combat de longue haleine.
