La vague d’indignation populaire qui submerge les USA depuis 8 jours continue de grossir et de déferler de la côte Est à la côte Ouest du pays. La sortie de Trump, hier, au propre comme au figuré (il a parlé et est sorti de la Maison Blanche pour marcher à pied jusqu’à l’église St John située à quelques mètres, pour se faire photographier, une Bible à la main) n’a pas calmé la situation. Au contraire, car s’il a condamné le meurtre et l’a qualifié tel qu’il est, il a aussi défié les manifestants et menacé de recourir à l’Armée pour « dominer la rue ».

Depuis, les manifestants continuent de camper à quelques encablures de la Maison Blanche et semblent plus déterminés que jamais. Fait remarquable à saluer, les jeunes Blancs sont majoritaires parmi eux, tout aussi outrés et révoltés par l’assassinat ignoble de George Floyd. La famille de ce dernier a pris la parole à Minnéapolis pour faire un plaidoyer pour le retour au calme. Mais cela n’a pas encore suffi pout pour faire baisser la tension.

Peut-être que si les trois policiers complices du meurtrier Derek Chauvin, déjà inculpé et écroué, étaient aussi inculpés, cela pourrait aider à donner des raisons à la foule pour qu’elle lève le pied, si on peut dire. Pour le moment c’est toujours le bras de fer entre populations excédées qui manifestent pacifiquement, dans leur immense majorité.

Les violences et pillages constatées sont le fait d’une minorité dont les objectifs sont aux antipodes de ceux ciblés par les partisans d’un maintien de l’ordre respectueux des principes républicains. Pour que triomphe la justice sans laquelle la paix sociale durable est impossible à enraciner dans un pays.

Le meurtre de George Floyd est un énième crime raciste et haineux qui a été comme la goutte d’eau de trop. La coupe était déjà pleine, elle a implosé. C’est pour quoi ce qui passe, sur toute l’étendue du territoire américain et même ailleurs (il y a eu des manifestations à Londres, par exemple) mérite une attention toute particulière.

Et, ce d’autant que cela se passe en pleine pandémie du coronavirus et que cette menace mortelle n’effraie même pas les manifestants nombreux qui prennent d’assaut les rues de dizaines de villes et d’Etats. Trump comme Louis XVI, n’a pas compris qu’il ne s’agit pas d’une révolte mais d’une Révolution.

Que les jeunes de toutes les couleurs soient en première ligne, avec une majorité de Blancs, doit faire réfléchir. Ces jeunes citoyens ont la responsabilité historique de réconcilier leur pays avec son histoire pour bâtir un avenir de paix de démocratie, de respect et de fraternité.

Ce n’est pas parce qu’ils sont jeunes qu’ils sont nécessairement progressistes, mais ils ne sont pas hantés par les évènements terrifiants des années héroïques de lutte pour les Droits civiques. Ils ne perçoivent pas les Noirs comme une menace, mais comme des citoyens à part entière d’un pays marqué par leur talent, leur sueur et leur sang qui s’est mélangé à celui des Blancs. Mais aussi des Indiens, des Latinos et des Asiatiques.

Déjà, pour élire Obama, leur vote a été décisif et va l’être de plus en plus dans une « Nation arc-en-ciel » que la réalité impose aux yeux de tous.

Cette explosion sociale sous covid 19 est déjà un événement historique. Il peut être le début de la fin pour Trump qui semble dépasser par les événement et réagit d’une façon peu convaincante qui pourrait avoir un effet boomerang.

En novembre, finalement un choix clair sera proposé aux citoyens : continuer avec Trump et donc valider son arrogance et son option belliciste ou voter pour le changement et tourner la page de la présidence conflictuelle.

Rien n’est encore joué car les appels du pied de Trump à sa base xénophobe peuvent mobiliser toutes les couches réactionnaires. Elles ont encore une grande capacité de nuisance avec le relais d’organes de presse animés par des journalistes sulfureux voire carrément racistes.

L’Amérique mobilisée pour exiger que justice soit faite dans l’assassinat de George Floyd a les moyens de gagner son pari. Elle est majoritaire. Si l’élan des manifestations continue d’irriguer les cœurs jusqu’au 3 novembre, une nouvelle aube devrait naître du côté du soleil couchant.