Les États-Unis, principal contributeur financier de l’Organisation internationale du travail (OIT), n’ont toujours pas réglé leurs contributions pour les années 2024 et 2025. Une absence de versement qui suscite des inquiétudes à quelques jours de l’adoption du budget de l’agence onusienne, comme l’a indiqué mercredi son directeur général, Gilbert Houngbo.
Une contribution majeure en suspens
« Dans le passé, les États-Unis ont toujours fini par payer, même avec quelques mois de retard », a souligné M. Houngbo lors d’un point presse à Genève. Il s’est toutefois dit « confiant » quant à un versement à venir, estimant que l’OIT « n’est pas perçue comme une organisation hostile » par Washington.
Les États-Unis représentent à eux seuls 22 % du budget de l’OIT, loin devant la Chine, le Japon, l’Allemagne, le Royaume-Uni et la France. En l’absence de paiement, l’organisation a pris des mesures de précaution pour éviter une crise de trésorerie, mais celles-ci ont leurs limites, a prévenu le directeur général.
Un budget inchangé malgré les incertitudes
Pour l’heure, l’OIT n’a pas revu à la baisse son projet de budget 2026-2027, arrêté à 880 millions de dollars. Ce montant, relativement stable, a déjà été approuvé en mars par le Conseil d’administration – auquel participent les États-Unis – et doit encore être validé par les 187 États membres réunis du 2 au 13 juin à Genève, dans le cadre de la 113e Conférence internationale du Travail.
Projets suspendus et licenciements
L’impact de cette incertitude budgétaire se fait déjà sentir. La suspension d’une cinquantaine de projets financés directement par les États-Unis a contraint l’organisation à licencier quelque 200 salariés, sur un total de 3 600 employés à travers le monde.
Par ailleurs, dans un contexte de réformes onusiennes initiées par le secrétaire général António Guterres dans le cadre de l’initiative « ONU80 », l’OIT envisage une réorganisation structurelle. Celle-ci passerait par des départs volontaires, la délocalisation de certains services (vers Turin, Budapest, Bonn, Doha ou Pretoria), ou encore le recours accru à l’intelligence artificielle, notamment pour les services de traduction.
La coopération internationale sous pression
Le directeur général a également mis en garde contre une tendance plus large à la réduction des financements multilatéraux : « Il ne faut pas que le gros arbre – les États-Unis – cache la forêt », a-t-il déclaré, en référence à d’autres États membres qui pourraient suivre la même voie.
« Le véritable défi à venir, a-t-il conclu, c’est que plusieurs pays cherchent aujourd’hui à réduire radicalement le coût de la coopération internationale. »