Le chef de l’État français a annoncé officiellement son intention de reconnaître l’État de Palestine, lors de la prochaine Assemblée générale de l’ONU, prévue en septembre 2025.

Si cet acte fort, à la fois politique et diplomatique, se concrétise, la France deviendra le premier membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU à franchir ce pas historique.

Emmanuel Macron traduirait ainsi en acte une volonté affichée de longue date : marquer de son empreinte l’évolution du dossier palestinien. Un dossier qui empoisonne la vie politique au Moyen-Orient depuis 1947 — date de la résolution 181 de l’ONU, consacrant la création de deux États, israélien et palestinien.

Et ce, malgré les accords de paix signés avec l’Égypte et la Jordanie, et plus récemment les Accords d’Abraham conclus avec certains États du Golfe. Une relance du processus de paix entre Israéliens et Palestiniens apparaît aujourd’hui plus que jamais nécessaire, afin de pacifier durablement la région et permettre aux peuples qui y vivent de s’épanouir dans la paix et la coopération.

Mais cette paix ne saurait advenir sans une résolution définitive de la « question palestinienne », c’est-à-dire sans l’avènement d’un véritable État palestinien, reconnu et souverain.

Déjà, de nombreux États à travers le monde ont reconnu la Palestine, y compris en Europe — comme l’Espagne, la Norvège, la Suède, l’Islande, la Tchéquie, la Pologne, la Slovaquie, la Hongrie, la Bulgarie, la Roumanie — sans oublier le Vatican, qui fut l’un des premiers à le faire.

Macron ne sera donc pas un pionnier en la matière, mais son geste, s’il est accompli, restera d’une portée symbolique et politique considérable. Il témoignerait d’un courage remarquable, d’autant plus que la France abrite la plus importante communauté juive d’Europe.

La France pourrait ainsi devenir le 150ᵉ État à reconnaître la Palestine. Ce chiffre, hautement symbolique, pourrait inciter d’autres dirigeants à faire preuve du même courage politique, au nom de la justice, du respect de la vie humaine et de l’engagement humaniste.

Le moment est d’ailleurs propice : les exactions du gouvernement Netanyahou à Gaza — théâtre d’une politique de destruction systématique — soulèvent l’indignation de peuples entiers à travers le monde. Des peuples révoltés par une politique de famine, de massacres, de terre brûlée.

Ce qui se passe à Gaza est inimaginable — et d’autant plus douloureux qu’il est perpétré par un gouvernement représentant un peuple lui-même martyrisé par l’Histoire, celui de la Shoah.

C’est pourquoi le choix de Macron, s’il est confirmé, doit être salué à sa juste mesure. Même si ses prises de position passées, parfois contradictoires, ont contribué à brouiller son image, le président français aurait ici l’occasion de redorer son blason sur la scène internationale.

Il penserait ainsi à son héritage, au crépuscule de son second — et dernier — mandat. Mais ira-t-il jusqu’au bout de sa démarche ?

Car le courage politique ne peut être une simple posture, éphémère et opportuniste. Il s’inscrit dans le temps long, celui de l’Histoire. Il marque une époque, durablement.

Le discours qu’Emmanuel Macron prononcera à l’ONU en septembre 2025 sera-t-il aussi marquant que celui de Dominique de Villepin, en 2003, s’opposant à la guerre contre l’Irak devant le Conseil de sécurité ?

Wait and see.