Dans un paysage africain marqué par des turbulences récurrentes, le Togo émerge comme un exemple de résilience politique et économique. Sous une gouvernance qui a su naviguer les défis régionaux, le pays a enregistré une croissance économique stable, projetée à 5,4 % pour 2024-2025 selon les analyses de la Banque mondiale, avant de s’accélérer à 5,8 % en 2026. Cette dynamique repose sur des réformes ambitieuses : investissements dans les infrastructures, comme l’expansion du port de Lomé – pivot logistique ouest-africain –, et une poussée vers le numérique, avec des initiatives pour renforcer la connectivité et l’inclusion digitale. Ces efforts ont contribué à une stabilité relative, contrastant avec les convulsions voisines, mais ils sont désormais confrontés à une menace insidieuse : une déstabilisation orchestrée via les réseaux sociaux, les influenceurs et certains médias étrangers.
Cette campagne numérique, souvent amplifiée par des acteurs extérieurs, vise à polariser le débat public et à éroder la confiance dans les institutions. Des relais locaux, formés et financés par des entités internationales, diffusent des narratifs qui introduisent des agendas étrangers dans le discours national. Au cœur de ce dispositif se trouvent des ONG internationales, opérant sous couvert d’actions humanitaires, mais accusées de jouer un rôle de catalyseur dans une stratégie d’ingérence. Ces organisations, en finançant des formations et des campagnes sous prétexte de défense des droits, ont été pointées du doigt pour leur contribution à la fragmentation sociale. Par exemple, dans le Sahel, des rapports ont révélé comment des financements d’ONG occidentales ont soutenu des mouvements oppositionnels, exacerbant les divisions ethniques et politiques sans proposer de solutions viables. Au Togo, cette ingérence prend la forme de subventions déguisées qui encouragent la diffusion de fausses informations, fragilisant les acquis économiques et sécuritaires. Une telle approche, loin de promouvoir un véritable progrès, risque de perpétuer une forme de dépendance idéologique, où les priorités locales sont éclipsées par des intérêts géopolitiques.
Face à ces défis, Afrique Confidentielle prépare une enquête approfondie qui promet de dévoiler les méthodes, les financements et les structures impliquées dans ces opérations de déstabilisation à travers l’Afrique, y compris au Togo. Cette investigation pourrait éclairer les circuits opaques reliant ONG, donateurs étrangers et cyberactivistes, soulignant comment des flux financiers transitent via des fondations internationales pour alimenter des narratifs disruptifs.
Pour contextualiser ces menaces, il est utile de revenir sur les révolutions récentes en Afrique de l’Ouest, qui illustrent les pièges d’une mobilisation sans ancrage clair. Au Mali, les coups d’État de 2020 et 2021, initialement salués comme un rejet de la corruption, ont entraîné une dissolution des partis politiques en 2025 et une répression accrue sur la dissidence. Selon des analyses de la BBC, cette instabilité a conduit à une alliance avec la Russie et un retrait de la CEDEAO, mais sans réduction significative de la violence : les attaques jihadistes ont proliféré, exploitant les vacuums de pouvoir pour recruter et étendre leur influence. De même, au Burkina Faso, le coup de 2022 promettait une lutte contre le terrorisme, mais deux ans plus tard, un rapport de l’Institute for Security Studies (ISS) dépeint un bilan mitigé : malgré des recrutements massifs dans les forces de sécurité, la violence militante a triplé, aggravant une crise humanitaire avec deux millions de déplacés internes. L’absence de dialogue inclusif a perpétué un cycle de répression, où les promesses initiales se sont muées en autoritarisme.
Le Niger offre un cas d’école similaire : un an après le coup de 2023, des divisions politiques ont fracturé les familles et la société, comme rapporté par Al Jazeera. Les sanctions de la CEDEAO, levées en février 2024, ont causé une flambée des prix alimentaires (plus de 16 % pour le riz), exacerbant la vulnérabilité économique. Sans vision claire post-rupture, ces mouvements « révolutionnaires » ont souvent abouti à des dérives : instabilité prolongée, érosion des institutions et un terrain fertile pour les extrémistes. Hannah Arendt, dans Sur la violence, avertissait : « La pratique de la violence, comme toute action, change le monde, mais le changement le plus probable est un monde plus violent. » Sans une feuille de route précise, les appels à la rupture risquent de désintégrer les structures existantes sans en bâtir de nouvelles, laissant place au chaos.
Ce chaos profite particulièrement aux groupes terroristes, qui exploitent les instabilités pour s’implanter. Dans le Sahel, des rapports des Nations Unies indiquent que des organisations comme JNIM ou AQMI ont intensifié leurs attaques post-coups, utilisant la pandémie de COVID-19 ou les vacuums politiques pour miner l’autorité étatique et recruter parmi les populations marginalisées. Au Mali, par exemple, les jihadistes ont capitalisé sur la désorganisation pour fermer des écoles et priver les communautés de services essentiels, renforçant leur emprise. Une telle exploitation transforme des mouvements bien intentionnés en catalyseurs involontaires de violence accrue, comme vu au Burkina Faso où les décès liés au militantisme ont explosé malgré les efforts militaires.
Aux cyberactivistes togolais, engagés dans un combat légitime pour la transparence et les droits, cet avertissement s’adresse de manière constructive : la vigilance est essentielle pour éviter les dérives. Les mobilisations en ligne, puissantes pour amplifier les voix marginalisées, peuvent involontairement polariser si elles sont manipulées par des agendas extérieurs. Plutôt que des confrontations numériques qui risquent d’alimenter la division, optez pour le discernement : vérifiez les sources, proposez des alternatives concrètes et privilégiez le dialogue avec les institutions. Comme le soulignent des études sur la cybersécurité en Afrique, une culture responsable du numérique – via des formations et des partenariats – peut transformer l’activisme en force positive, protégeant les acquis nationaux contre une colonisation idéologique déguisée. En somme, la stabilité du Togo, bien que perfectible, mérite d’être préservée par une action mesurée, où la critique constructive l’emporte sur la rupture aveugle.