Le président Diomaye Faye a réagi, hier, sur la crise qui ébranle l’État du Sénégal, après les sorties musclées de son Premier ministre, Ousmane Sonko, qui a tancé les magistrats de la Cour suprême, insulté les membres de la société civile (traités de fumiers), menacé les médias et clamé haut et fort qu’« on l’empêche de gouverner ».
Il s’est adressé au président Diomaye en lui demandant d’agir ou alors lui, le ferait.
Ou alors il quitterait son poste pour « rejoindre l’Assemblée nationale ».
Le discours de Sonko a le mérite de la clarté ;
Celui de Diomaye, servi hier, laisse dubitatif.
« Je n’ai aucun problème avec Ousmane Sonko, c’est mon ami ».
« Le seul combat qui vaille est celui contre les difficultés qu’endurent les Sénégalais. Notre aspiration commune est de répondre aux aspirations du peuple ».
Ou Diomaye n’a pas entendu le discours de Sonko, ou il a décidé de botter en touche et d’écouter ailleurs.
Le Paradoxe du menteur
En logique, le paradoxe du menteur est l’équation insoluble suivante : lorsqu’on affirme : « cette phrase est fausse », alors si elle est vraie, elle est donc fausse et si elle est fausse, elle est donc vraie.
Essayons d’appliquer ce paradoxe aux deux affirmations contradictoires de Sonko et Diomaye :
Le premier accuse publiquement le second, parce qu’il est empêché de gouverner.
Le président Diomaye ne fait rien pour l’aider à pouvoir gouverner, si on comprend bien sa pensée.
Mais l’accusé Diomaye affirme publiquement qu’il n’y a aucune divergence entre lui et son Premier ministre.
Les deux affirmations ne peuvent pas être vraies, l’une et l’autre, en même temps.
Si l’une est vraie, l’autre est fausse, et vice-versa.
Il ne se passe rien, « fermez le ban », dit Diomaye. Mais les esprits curieux se demandent comment va-t-il calmer le courroux du président de Pastef, qui menace de quitter le gouvernement !
Diomaye est resté silencieux sur cet aspect de la polémique qu’il s’oblige à ignorer.
Est-ce une solution pérenne ? Sonko va-t-il se contenter d’un simple silence, aussi assourdissant soit-il ?
Rien n’est moins sûr !
On le voit, la réaction de Diomaye, après la sortie verbale musclée de Sonko, n’éclaire aucune lanterne.
Elle risque de libérer les langues encore davantage et de mettre de l’huile sur le feu des spéculations.
Quelque chose ne tourne pas rond dans le couple Diomaye/Sonko.
C’est aussi paradoxal que le paradoxe logique, celui du menteur, cité plus haut.
Circulez donc, il s’agit d’un pétard mouillé, il n’y a rien à voir.
Sauf que des bombes verbales ont explosé et ont perforé les oreilles des membres de la société civile traités de « fumiers » (vous avez bien lu), les magistrats de la Cour suprême abreuvés de propos venimeux, et les journalistes dont le boycott préconisé n’écarte ni les arrestations, ni les « mises en dépôt ».
Tout ce qui est vrai est faux : c’est le poker menteur du paradoxe du même nom.
Vous avez dit dialectique pastéfienne ?