Six transporteurs sénégalais ont été kidnappés par des djihadistes sur l’axe Bamako/Kayes.

Cet acte est un signal clair de la volonté des terroristes qui sévissent au Mali, notamment dans l’ouest et le nord du pays, d’asphyxier l’approvisionnement du Mali, enclavé, par le Sénégal.

Le Mali est le premier partenaire du Sénégal en Afrique, avec 21 % des parts de marché de son commerce extérieur et un chiffre important de plus de 800 milliards de francs CFA par an.
Chaque jour, des centaines de camions relient Dakar à Bamako pour apporter denrées alimentaires, produits pétroliers et autres.
Cet approvisionnement est vital pour l’économie malienne et demeure très important pour le Sénégal.
En effet, c’est l’axe principal de ravitaillement pour Bamako, qui sollicite également la Côte d’Ivoire et la Guinée-Conakry, dans une moindre mesure.

Le problème de sécurité n’a jamais été une préoccupation majeure sur l’axe Dakar/Bamako, comme il l’était sur celui reliant les capitales malienne et ivoirienne, par exemple.

Toutefois, des mesures fortes avaient été prises de part et d’autre de la frontière pour parer à toute éventualité, avec des check-points renforcés et une vigilance de tous les instants.

L’attaque qui vient d’avoir lieu en territoire malien démontre que le danger est interne au Mali, où le terrorisme continue de gagner du terrain depuis plus d’une décennie.

Et l’État militaire malien semble impuissant à le juguler, même avec le soutien des mercenaires russes.
L’évidence est que le cancer terroriste est en train de se métastaser dans le pays, de plus en plus soumis à la dictature militaire.

Ce kidnapping vise à couper un axe fondamental d’approvisionnement en produits indispensables aux Maliens.
Le but étant de mettre à genoux l’État, incapable de satisfaire les besoins essentiels des populations, qui finiront par se révolter.

Pour le Sénégal, le risque est aussi majeur de perdre un partenaire commercial difficilement remplaçable, dans un contexte de vaches maigres économiques.
Pourtant, l’État du Sénégal a été averti de la progression des terroristes qui sévissent au Mali vers la frontière sénégalaise, très difficile à sécuriser du fait du fleuve du même nom et de ses affluents, qui créent une zone géographique complexe.

Il y a aussi la présence des populations des mêmes groupes ethniques, dont les liens de parenté favorisent les infiltrations terroristes.
C’est donc un nouveau défi que devront relever les forces de sécurité sénégalaises et maliennes pour dissuader les djihadistes de s’installer dans cette zone vitale pour les économies des deux pays.

Jusqu’ici, le Sénégal a su écarter la menace terroriste, qui n’a jamais réussi à pénétrer son territoire.
Mais cela n’est pas une raison pour baisser la garde, et l’attaque terroriste qui vient de se produire est une alerte.
Une coopération plus resserrée s’impose pour agir de concert d’un côté et de l’autre de la frontière, afin de sécuriser toute la chaîne de valeur commerciale entre les deux pays.

En attendant, il urge de mettre en œuvre tous les moyens pour obtenir la libération des otages.