L’Afrique, responsable de seulement 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre mais parmi les régions les plus touchées par les impacts du réchauffement, a réitéré lundi son appel à un financement accru pour faire face à la crise climatique, invoquant le principe de justice climatique.

Un sommet continental sous tension

L’Union africaine (UA) tient, du 8 au 10 septembre à Addis-Abeba, son deuxième sommet dédié au climat. Deux ans après la signature de la Déclaration de Nairobi en 2023, qui exigeait déjà un effort financier renforcé des pays industrialisés, les dirigeants africains reviennent à la charge.

« Le lien entre climat, sous-développement, exode rural, migration et instabilité est désormais évident », a déclaré Mahamoud Ali Youssouf, président de la Commission de l’UA, en ouverture des travaux. Il a dénoncé des plans de réduction des émissions imposés à l’Afrique alors que le continent n’est responsable que d’une infime partie du problème.

Des financements très insuffisants

Un rapport publié par Oxfam et l’Igad (l’organisation régionale d’Afrique de l’Est) révèle que les huit pays membres – Djibouti, Érythrée, Éthiopie, Kenya, Ouganda, Somalie, Soudan et Soudan du Sud – n’ont reçu en moyenne que 1,7 milliard de dollars par an entre 2013 et 2022 sous forme réelle de subventions climatiques, après déduction des dettes et intérêts.

Un montant dérisoire face aux 41,8 milliards de dollars annuels jugés nécessaires par ces États pour mettre en œuvre leurs plans nationaux de lutte contre le changement climatique d’ici 2030, soit un déficit de 96%.

« Les pays riches et les grands pollueurs mettent la planète en feu. Ils doivent assumer leurs responsabilités et financer correctement les mesures d’adaptation dans les pays qui subissent de plein fouet leurs excès », a martelé Fati N’Zi-Hassane, directrice d’Oxfam Afrique.

Des pertes économiques lourdes

L’Organisation météorologique mondiale (OMM) avait déjà tiré la sonnette d’alarme en 2024 dans un rapport intitulé L’Afrique pâtit de manière disproportionnée du changement climatique. Selon ses données, 48 pays africains sur 53 sont menacés de crues, et 40 exposés aux sécheresses récurrentes.

Au total, le continent perd chaque année entre 2 et 5% de son PIB à cause des aléas climatiques, un fardeau insoutenable pour des économies déjà fragiles.