Par le biais de son ministère chargé de l’amnistie et de l’évasion fiscale, le Nigeria a recouvert 98 millions de dollars de recette fiscales provenant de particuliers et d’entreprises. L’annonce a été faite mercredi 6 juin, par les services du ministère des Finances nigérian.
Cette belle moisson est le résultat de politiques de diversification entamées par l’État Nigérian après la chute des prix du pétrole de 2014 à 2016. Le pays membre de l’OPEP et première économie de l’Afrique de l’Ouest, est sorti en 2017 d’une profonde récession provoquée par la baisse des prix du pétrole.
Un produit dont les ventes constituent les deux tiers du revenu national. Le déficit induit a poussé les autorités d’Abuja à se tourner vers d’autres sources de revenus afin d’augmenter leurs flux financiers provenant de sources non pétrolières.
C’est dans ce contexte qu’a été mis sur pieds le Système de déclaration volontaire d’avoirs et de revenus (VAIDS) pour remédier à l’inefficacité fiscale. Ce dernier conçu pour améliorer le recouvrement fiscal protège les fraudeurs fiscaux contre les poursuites, les pénalités et les intérêts s’ils déclarent volontairement leurs actifs et revenus auparavant non divulgués.
Dans un communiqué, le ministre des Finances Babatunde Fowler, explique que dans le but de garantir la transparence autour de ce recouvrement, les détails sur les fonds récupérés vont être rendus publics.
Il a également précisé que « la base de données des contribuables enregistrés est passée de 14 millions en 2016 à plus de 19 millions cette année. Ce qui laisse optimiste quant au fait que ce chiffre se traduirait par une croissance positive du ratio recettes fiscales / PIB du pays », selon le communiqué.
Le recouvrement fiscal a toujours été un défi majeur au Nigeria, un pays de 180 millions d’habitants, le plus peuplé d’Afrique. Une contrainte démographique rendant difficile et coûteuse les contrôles, à laquelle s’ajoute la prédominance du secteur informel, caractéristique des économies africaines. Les économistes ont longtemps critiqué les faibles niveaux de collecte des impôts dans ce pays où le ratio impôts / PIB est de 6%.
Conscient de l’étendue du manque à gagner, le gouvernement a élaboré l’année dernière des plans, dont le programme d’amnistie fiscale, pour augmenter cette collecte des impôts à 15% d’ici 2020. Une autre solution adoptée par le Nigeria a été de relever, depuis ce mois de juin, les taxes sur le tabac et l’alcool.