Raymond Farhat, administrateur de Saham Group, Nadia Fetah, DG de Saham Finances et Moulay Mhamed Elalamy, administrateur de Saham Group.

Un milliard de dollars. C’est le montant encaissé par le groupe marocain SAHAM après la cession de son pôle assurance au profit de son partenaire sud-africain SANLAM. Depuis la conclusion de cette affaire, la polémique ne cesse d’enfler. Des questions sur les vraies motivations de cette transaction ainsi que sur le montant qu’empochera le Fisc sont posées. Retour sur une affaire où économie et politique se mêlent.

L’Affaire du siècle SAHAM, le coup de maitre de Moulay Hafid El Alamy (MHE)…la presse n’a pas hésité sur les superlatifs pour décrire l’une des plus importantes affaires de l’histoire de l’économie du pays. Le Un milliard de dollars encaissé par le propriétaire de SAHAM a fait, toutefois, couler beaucoup d’encre. S’interrogeant sur les raisons cachées derrière la cession d’une affaire qui marche, les internautes se sont également posés la question sur ce que doit désormais SAHAM au Fisc.

De l’économie pour faire de la politique ?

La cession de la totalité du capital de SAHAM Assurance au sud-africain SANLAM, ne constitue pas seulement une très belle opération financière mais une grande action diplomatique envers l’Afrique du Sud. En effet, selon des sources concordantes, l’acquéreur du géant marocain des assurances n’est autre que Patrice Motsepe, le beau-frère du nouveau président sud-africain, Cyril Ramaphosa.

Effectuée au moment où un rapprochement s’opère entre les deux plus grands investisseurs africains en Afrique (Afrique du Sud et Maroc), cette opération n’est donc pas politiquement neutre. La présence d’un leader sud-africain des assurances et des services financiers au Maroc dans l’un des secteurs les plus dynamiques est annonciatrice d’un renforcement des relations économiques dans un premier temps. Les relations politiques suivront, soulignent plusieurs observateurs.

Soupçons autour d’un délit d’initiés

Au-delà de la dimension politique de cette transaction, le volet financier a été fortement mis en avant par les médias. SAHAM paiera-t-elle des impôts au gouvernement marocain  suite à cette cession ? Certains sont partis même jusqu’à confirmer qu’une nouvelle disposition de la loi de finance de 2018 dispensait le groupe de MHE de payer toute redevance à l’État. Après enquête, il n’en est rien.

En effet, la disposition évoquée et qui concerne la réduction du taux du droit d’enregistrement n’a pas été taillée sur mesure pour MHE. Il s’agit plutôt d’une revendication du patronat depuis plusieurs années. Selon plusieurs économistes, cette mesure ne concerne en aucun cas l’imposition sur la plus-value réalisée dans l’opération. Cette plus-value de la vente se retrouvera en effet dans le résultat de l’exercice 2018 de SAHAM.

Dans ce sens, la loi marocaine est claire. L’impôt est payé au taux de l’IS sur le résultat global de l’entreprise. Progressif, le taux en question peut atteindre jusqu’à 31% quand le résultat est supérieur à 1 million de dirhams (100 000 euros). Dans le cas de SAHAM un montage financier a été surement mis en place pour une optimisation fiscale maximale avant la conclusion de l’acquisition.

Fonds d’investissement ou secteur bancaire ?

Au lendemain de cette opération historique, les responsables de SAHAM S.A ont annoncé que la totalité du montant encaissé sera consacrée à la mise en place d’un fond d’investissement africain. Encore une opération qui cadre parfaitement avec les grandes orientations stratégiques du Maroc et qui encouragent la coopération sud-sud. Un seul petit hic, on ne connait toujours pas le montant qui sera ponctionné par le Fisc avant d’injecter les ressources restantes dans le nouveau fonds. Un Fonds qui ne démarrera pas à moins d’un milliard de dollars selon le responsable de SAHAM.

En attendant plus de détails, l’entreprise de MHE s’est contentée de démentir les rumeurs autour de son entrée dans le secteur bancaire. Plusieurs informations avaient fait référence à une possible acquisition de la BMCE Bank of Afrika. Des informations qui ont fait sortir de son silence le patron de la BMCE. Dans un communiqué, Othmane Benjelloun a affirmé tenir à son joyau financier.