Depuis quelques jours, un débat sur la grande distribution agite certains cercles sénégalais du fait de la réussite commerciale spectaculaire d’Auchan.
Les implantations se multiplient et les consommateurs sont conquis par la qualité et la modestie des prix. Il y a aussi la quantité et la diversité des produits proposés.
Face à qu’il faut bien appeler un boom, il y a, naturellement, une inquiétude qui se fait jour chez les « petits commerçants » qui se sentent menacés. En Europe, dans un passé récent ce débat s’était posé et, en vérité, continue de se poser.
C’est pour quoi, l’initiative du ministre du commerce sénégalais d’aller rencontrer la principale organisation des professionnels du commerce, l’UNACOIS (union nationale des commerçants et des industriels du Sénégal) est heureuse.
Dans un pays de démocratie, comme le Sénégal, la concertation est permanente et dans tous les domaines. Et le gouvernement du président Macky Sall est à l’écoute des citoyens pour mieux appréhender les problèmes qui se posent à eux pour trouver des solutions satisfaisantes pour les uns et pour les autres.
Dans le discours qu’il a prononcé devant ses hôtes, il a fait une analyse de la situation d’une rare pertinence. Il a mis en exergue le rôle de l’État en tant qu’arbitre pour « favoriser une saine et loyale concurrence à l’avantage des consommateurs ».
Il a aussi réaffirmé ,avec force, la nécessité de pérenniser la distribution multiforme par les grandes surfaces, les moyennes, les petites, les commerces de proximité, les boutiques de quartiers, les étals etc.
Il a cependant précisé qu’« un dispositif juridique d’encadrement, organisant clairement les règles relatives à la distribution, les obligations et charges qui pèsent sur chaque acteur (producteurs, détaillants, grossistes), les modalités des approvisionnements les installations et les équipements commerciaux, les règles spécifiques aux grandes surfaces » doit être mis en place.
Il a aussi raison de mettre l’accent sur la prise en compte de l’aménagement du territoire en ce qui concerne les implantations des grandes surfaces. Pour l’heure, il est vrai qu’il y a une certaine anarchie qu’il ne faut pas encourager dans l’intérêt bien compris de tous.
À cet égard il a rappelé, à juste raison, la mission qui lui a été assignée par le chef de l’État, le président Macky Sall, lors du conseil des ministres du 11 juillet dernier, « pour prendre, sans délai, toutes les mesures nécessaires à l’actualisation de la réglementation sur la gestion de l’urbanisme commercial, afin d’optimiser le déploiement spatial, administratif et économique des commerces de proximité et de la grande distribution ».
L’État va ainsi assumer son rôle de régulation et de contrôle, notamment des prix des biens et des services sur les marchés tout « en veillant à la sécurité des aliments et au contrôle rigoureux de la commercialisation des médicaments ».
C’est pour quoi « la législation, en vigueur, va être modifiée pour que l’implantation des grandes surfaces répondent à des impératifs sociaux, économiques et d’aménagement du territoire ».
L’objectif est de maintenir l’équilibre entre les différents acteurs du secteur du commerce au Sénégal. Le ministre Sarr a donc ouvert une concertation en vue de l’élaboration d’un projet de décret organisant l’ensemble du secteur.
Cela devrait aboutir à la mise en place d’un « cadre juridique exhaustif et approprié » pour la distribution et l’urbanisme commercial. L’anarchie doit être combattue et l’implication de tous les acteurs est souhaitable, avec notamment les collectivités locales, les consommateurs, et les opérateurs économiques.
L’État a l’obligation de faire respecter, par tous, les règles de concurrence.
Le choix de « mettre sur pied un comité de pilotage chargé de la préparation et de l’organisation des concertations » est judicieux et témoigne d’une approche inclusive qui mérite d’être saluée.
La balle est maintenant dans le camp des acteurs qui doivent être à la hauteur des enjeux économiques et sociaux.
Auchan est le bienvenu au Sénégal, sa « success story » doit inspirer et susciter des vocations. Elle (cette success story) prouve aussi que la politique du président Macky Sall réussit et attire les investisseurs.
Il faut s’en féliciter pour mieux ouvrir les portes, dans le respect réciproque, le dialogue et l’ouverture d’esprit qui permettent de défendre les intérêts bien compris d’un pays et de ses citoyens dans le contexte de la mondialisation.