L’ex-vice président Emmerson Mnangagwa a fait un retour triomphal à Hararé. Il a lancé un appel au rassemblement de toute la nation.
L’homme qui avait été destitué par Grace Mugabé et qui avait fui le pays devient donc le sauveur d’un peuple qui a tourné le dos à son leader nonagénaire. Mais Mnangagwa est-il l’homme providentiel attendu ? Rien n’est moins sûr !
Il est un apparatchik et ce serait surprenant qu’il décide d’engager le pays sur le chemin des réformes fondamentales politiques et économiques indispensables pour le sortir de l’ornière. Peut-être que le sort de Mugabe pourrait lui dessiller les yeux car le Zimbabwé est dans une situation économique désastreuse et depuis longtemps.
La génération post-indépendance n’en peut plus de vivre dans la misère et ne cherche pas à savoir quelles sont les vraies raisons de ce chaos. Car tout n’est pas de la faute de Mugabé. Les Anglais qui n’ont pas respecté les accords de Lancaster House et les blancs qui ont pillé le pays et pratiqué l’exil financier et physique ont aussi de lourdes responsabilités dans cette affaire. Un pays ne peut pas être indépendant et toujours soumis à une minorité prédatrice.
La lutte pour l’indépendance a un prix et une finalité : permettre au plus grand nombre de jouir des ressources nationales. Mugabé parti, tout reste à faire pour construire la démocratie et consolider l’indépendance nationale dans un contexte économique stabilisé. L’euphorie pourrait très vite laisser place à la désillusion.