Le nouveau président tunisien Kaïs Saïed a prononcé mercredi 23 octobre son premier discours devant le Parlement.

Le président Kais Saied doit trouver un nouveau Premier ministre. Et ce, après le net rejet par le Parlement tunisien du gouvernement proposé par Ennahdha.

Le président Saied a désormais dix jours pour engager des consultations afin de trouver « la personnalité jugée la plus apte » qui aura un mois pour former un gouvernement. Il a commencé par recevoir samedi matin le chef d’Ennahdha et président du Parlement Rached Ghannouchi, insistant selon la présidence sur « l’importance du respect de la Constitution ».

Au terme de plus de 12 heures de débats et d’un marathon de négociations de dernière minute, le Parlement a clairement rejeté dans la nuit de vendredi à samedi le cabinet proposé par Ennahdha, par 134 voix sur 219.

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« Un coup dur pour Ennahdha, réputé le parti le plus puissant du pays », estime le quotidien tunisien La Presse dans un édito, tout en soulignant que « ce n’est pas la fin du mouvement » qui constitue la première force d’une Assemblée morcelée. « Gouvernement du président en cours de téléchargement », titre samedi le quotidien arabophone El Maghreb.

Trois mois après les élections, cela augure à nouveau de plusieurs semaines de négociations laborieuses à l’issue largement imprévisible, alors que le pays fait face à d’importants défis sociaux et économiques, selon l’AFP.

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Ennahdha, qui ne contrôle que 54 sièges sur 217, « n’a pas pris la juste mesure du message des électeurs », analyse le politologue Selim Kharrat, de l’ONG Bawsala, observatoire de la vie publique tunisienne. Le parti a eu une stratégie « hégémonique », bien qu’il ait « perdu la position majoritaire qu’elle avait depuis la révolution ».

Il a ainsi tenté d’imposer des magistrats considérés comme pro-Ennahdha à la tête des ministères régaliens, tels que la Justice et l’Intérieur, braquant ses adversaires. Le mouvement islamiste a été directement ou indirectement au pouvoir durant la majeure partie des neuf dernières années, depuis la chute du régime de Zine el Abidine Ben Ali. Deuxième force au Parlement en 2014, il avait alors scellé une alliance avec le parti en tête.