Depuis la mort du « président-maréchal » Idriss Déby Itno, le 19 avril, le Tchad est plongé dans l’incertitude politique, entre un Conseil militaire de transition (CMT) qui a du mal à s’imposer, des rebelles du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT) qui menacent, et une opposition qui appelle à manifester.
Le pire à craindre serait une guerre de succession qui déboucherait sur une guerre civile. « Un compromis paraît donc indispensable entre les acteurs qui convoitent le pouvoir aujourd’hui », indique Thierry Vircoulon, chercheur à l’Institut français des relations internationales, cité par TV5 Monde.
Sur le terrain, l’armée tchadienne tire à balle réelles sur les manifestants. Au moins deux personnes ont été tuées mardi dans des manifestations sporadiques à N’Djamena et dans le Sud du Tchad contre la junte militaire qui a pris le pouvoir après la mort du président Idriss Déby Itno il y a une semaine, a annoncé le Parquet.
Dans la capitale N’Djamena, où la police a dispersé à coups de gaz lacrymogènes des débuts de rassemblements sporadiques selon des journalistes de l’AFP, « les manifestants ont attaqué un bus dans le quartier de Dembé ; certains passagers ont fui, mais une dame est restée et a été tuée par les manifestants », a assuré à l’AFP, le procureur de la République, Youssouf Tom, cité par l’AFP.
Dans la capitale, quelques dizaines de personnes se sont rassemblées, brûlant parfois quelques pneus, avant d’être rapidement dispersées depuis le début de la matinée.
Elles ont répondu aux appels de plusieurs partis de l’opposition et d’organisations de la société civile contre la prise de pouvoir par un Conseil Militaire de Transition (CMT) dirigé par le fils de feu Idriss Déby, Mahamat Idriss Déby, et composé de 14 autres généraux fidèles à son père.
« Un organe illégal et illégitime adoubé par la France, qui pense imposer aux Tchadiens une nouvelle dictature militaire », disent l’opposition et la société civile. La Convention tchadienne des Droits de l’homme a demandé lundi à ses militants, « épris de paix et de justice, de sortir massivement », ce mardi.
Ces rassemblements ont été interdits lundi par le CMT, car « susceptibles d’occasionner des troubles à l’ordre public ». Le CMT a abrogé la Constitution et dissous le gouvernement et l’Assemblée nationale, mais le général Mahamat Idriss Déby a promis des “élections libres et démocratiques” dans 18 mois. Il a pris le titre de Président de la République et chef suprême des Armées.