Les forces de l’ordre ont arrêté jeudi 84 jeunes militants d’un parti de l’opposition au Tchad, selon la police, alors qu’ils exhortaient les habitants à participer à un meeting contre un dialogue de réconciliation nationale qu’ils qualifient de « monologue » organisé par la junte.
Une « caravane » de militants du parti Les Transformateurs sillonnait les rues de la capitale N’Djamena pour convaincre les gens d’assister au meeting prévu samedi. « Ces jeunes ont été arrêtés sans brutalité », lit-on dans un post de la police sur Facebook. « Ils sont en garde à vue pour les besoins de l’enquête », pour « manifestation non autorisée » et « troubles à l’ordre public », précise un communiqué de la police.
Le parti Les Transformateurs de Succès Masra, fait partie d’une coalition rassemblant la majorité des mouvements de l’opposition et des organisations de la société civile boycottant le Dialogue national inclusif et souverain lancé le 20 août par le Président de transition et chef de la junte militaire au pouvoir, le général Mahamat Idriss Déby Itno.
Ce dernier a pris le pouvoir à la tête d’un Conseil militaire de transition de 15 généraux au lendemain de la mort, après trente années d’un règne sans partage, de son père le président Idriss Déby Itno, tué en se rendant au front contre les rebelles en avril 2021.
Le Dialogue est également boudé par deux des principaux mouvements rebelles armés. En l’absence de la majorité des partis de l’opposition politique et de deux des mouvements armés les plus puissants, les observateurs estiment que ce forum, prévu pour durer jusqu’au 20 septembre mais qui n’a toujours pas entamé ses travaux sur le fond, a peu de chance d’aboutir à une réconciliation nationale en l’état.
« Le temps de l’intimidation des citoyens est révolu et nous n’excluons pas d’envisager des actions populaires immédiates pour la libération de nos camarades », ont menacé jeudi soir Les Transformateurs sur Facebook.
Comme l’ensemble des mouvements boycottant le dialogue, ils affirment que cette réunion de quelques 1.400 délégués se fait entre personnes désignées par la junte ou proches, qualifiant l’exercice de « monologue ».
Ce forum avait été promis par Mahamat Déby dès qu’il avait pris le pouvoir, dissous le Parlement et le gouvernement de son père et abrogé la Constitution.
Le général promettait alors à la communauté internationale et aux Tchadiens de remettre le pouvoir aux civils par des élections « libres et démocratiques » dans un délai de 18 mois –soit avant l’automne 2022, ce qui est impossible en l’état– renouvelable une fois, à l’issue d’un dialogue de réconciliation nationale.