Les espoirs de « retrouvailles nationales » à défaut de « réconciliation » semblent s’évanouir, après les funérailles d’Idriss Déby, tué le 18 avril par les rebelles du Front pour l’alternance et la concorde(FACT).
Les appels du pied -et même publics- pour calmer le jeu et provoquer un dialogue, n’ont pas trouvé un écho favorable auprès des nouvelles autorités tchadiennes.
Ces dernières, sous la houlette de Mahamat Idriss Deby ont rejeté toute approche pacifique et donc, privilégient la critique des armes.
En effet le porte-parole de la junte, Azem Bermandoa a déclaré que « l’heure n’est ni à la médiation, ni à la négociation avec des hors-la -loi ».
En outre la junte demande au Niger de coopérer pour la capture du chef des rebelles, Mahamat Mahadi Ali qui « serait réfugié » dans ce pays ; mais ce dernier a fait savoir qu’il était toujours dans la région du Kanem, au Tchad, où les affrontements qui ont causé la mort d’Idriss Déby, ont eu lieu.
C’est donc la guerre qui se poursuit entre junte et rebelles dans un Etat fragilisé par la disparition d’un autocrate qui a accumulé trois décennies de règne sans partage.
Pourtant l’occasion semblait propice pour entamer une désescalade et renouer le fil du dialogue avec des rebelles qui étaient « prêts à un cessez-le feu » et à participer à un gouvernement d’union nationale dirigé par un civil.
Un scénario à « la malienne », suite au coup d’Etat contre IBK.
Le problème est qu’il y a eu mort d’homme, en l’occurrence le chef de l’Etat (Déby) et que l’Armée qui s’est emparée du pouvoir, en prononçant une dissolution des institutions de la République, n’a aucune intention de le rendre aux civils.
Cette fermeté a certainement été renforcée par les déclarations du président français Emmanuel Macron qui a réaffirmé l’engagement de son pays auprès du Tchad, lors de son séjour, sur place, à l’occasion des funérailles de Déby.
Pouvait-il faire autrement alors que la base la plus importante des forces de l’opération Barkhane (lutte contre les terroristes au Sahel) se trouve au Tchad ?
Ce message était adressé directement aux rebelles qui savent maintenant à quoi s’en tenir, à savoir une aide massive de la France au nouveau pouvoir tchadien qui devrait être mieux outillé pour les combattre.
Mahamat Idriss Deby, nouvel homme fort du pays pourrait se sentir pousser des ailles et s’arc-bouter sur la durée de la transition fixée à 18 mois, de manière autoritaire.
Avec, de facto, une bénédiction de Paris !
Toutefois, un arrêt de l’offensive rebelle n’est pas garantie dans un territoire immense où la guerre entre factions politico-ethniques est une donnée, pour ainsi dire, permanente.
Idriss Déby a su résister et s’imposer pendant trente ans. Que son successeur dynastique puisse en faire autant est loin d’être évident.
L’Armée est traversée par des querelles intestines et l’avènement de Déby fils ne fait pas l’unanimité.
Le parapluie de l’aide militaire et économique française pourrait faire taire certaines dissensions ; si tout le monde est servi.
Le facteur ethnique est une réalité incontournable et la mort de Déby des mains des Goran, l’ethnie de Hissène Habré appelle la vengeance.
Cette volonté de vendetta n’est, sans doute pas, aussi, étrangère à l’option guerrière choisie par la junte.
Paix et stabilité ne sont pas pour demain au Tchad et, par voie de conséquence, il en sera de même dans tout le Sahel, et même au-delà ; si les terroristes-jihadistes arrivent à leurs fins.
La France affiche un engagement total ; mais a-t-elle les moyens financiers d’un tel choix très coûteux ? Rien n’est moins sûr !