La perspective d’un rapprochement avec Israël ne fait pas l’unanimité au Soudan. Plusieurs composantes de la société soudanaise évoquent « un coup de poignard dans le dos ». Le chef du Conseil souverain qui dirige le Soudan a affirmé mardi que sa rencontre la veille avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu en Ouganda était motivée par sa volonté de préserver “la sécurité nationale” de son pays.
Khartoum, comme la plupart des capitales arabes, n’entretient pas de relations avec Israël. Le gouvernement soudanais a dit ne pas avoir été informé par avance de cette rencontre –non annoncée– qui a réuni lundi dans la ville ougandaise d’Entebbe, Abdel Fattah al-Burhane et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
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« C’est un coup de poignard dans le dos, pour la lutte anti-impérialiste du peuple soudanais et son soutien au peuple palestinien », a dénoncé mardi le porte-parole du parti, Fathi Fadoul, dans une vidéo sur la page Facebook du parti. « Nous condamnons aussi le communiqué du gouvernement. Il devait dire directement quelle est sa position à propos de la rencontre au lieu de dire simplement qu’il n’en n’avait pas été informé », a-t-il ajouté. Pour Amjed Farid, membre de l’Association des professionnels soudanais, le général Al-Burhan n’a pas le mandat pour mener de telles négociations au nom du peuple soudanais.
« J’ai entrepris cette démarche depuis la perspective de ma responsabilité (…) de protéger la sécurité nationale soudanaise et d’assurer l’intérêt suprême du peuple soudanais », a déclaré le général Abdel Fattah al-Burhane dans un communiqué.
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Composé de civils et de militaires, le Conseil souverain est chargé de superviser la transition du Soudan vers un régime civil. Il a été mis en place après la destitution du président Omar el-Béchir en avril par l’armée sous la pression d’un mouvement de contestation sans précédent.
Le Soudan, qui a souffert sous le régime Béchir d’années de sanctions internationales et figure toujours sur la liste américaine des pays soutenant le terrorisme, souhaite sortir de son isolement.
La rencontre avec le Premier ministre israélien survient alors que Burhane a été invité à se rendre prochainement Washington pour une visite officielle, selon le Conseil souverain. Il s’agit de la première fois en trois décennies que les Etats-Unis invitent un haut responsable de ce pays du nord-est de l’Afrique.
Le Soudan tente de convaincre Washington de l’enlever de sa liste des pays soutenant le terrorisme, dans l’espoir de faire revenir les investisseurs et sortir de la grave crise économique dans laquelle il est plongé.