Le président du Soudan du Sud, Salva Kiir.

L’annonce samedi dernier par le président de la république du Soudan du Sud, Salva Kiir, relative à la création prochaine d’un système fédéral, composé de dix États, avait suscité beaucoup d’espoir auprès de la communauté internationale, du fait que cela concordait avec l’exigence de son frère ennemi, l’ancien vice-président et actuel chef rebelle.

Paradoxalement, la déclaration du président Salva Kiir n’a pas recueilli l’assentiment du chef rebelle Riek Machar, qui estime que l’annonce de Kiir, « comporte un piège qui compromet les termes de l’accord, récemment conclu entre les deux parties ».

Il s’agit en effet, de la décision du président Salva Kiir de créer, parallèlement aux dix États fédéraux, trois autres zones administratives (Ruweng, Pibor et Abyei) .Ce qui, selon l’ancien vice-président « ouvre la voie à tous les dangers ».

En effet, les spécialistes de la zone estiment que le Soudan du Sud ne peut être un État fédéral, d’autant qu’il n’y a pas une administration centrale crédible dans le pays.

Il y a ensuite, un problème ethnique aigu entre les Dinkas, ethnie du Président Kiir et les Nuers, ethnie de Riek Machar qui disputent depuis longtemps, la zone de Ruweng, très pétrolifère. Or, l’accaparement de l’or noir est le grand enjeu entre les deux rivaux. Pour Riek Machar, « le Président Kiir cherche à mettre la main sur les zones pétrolifères et d’y installer la domination de son ethnie (les Dinkas) ».

Les deux autres zones (Pibor et Abyei) sont aussi litigieuses, puisqu’Abyei est aujourd’hui revendiquée par Khartoum, qui l’a toujours occupée. C’est pratiquement le cas, pour la zone de Pibor qui se trouve dans les frontières avec l’Éthiopie, source de conflits entre les différentes ethnies.

Quand on sait que le récent accord de partage du pouvoir entre les deux belligérants, devrait être mis en exécution le samedi 22 février prochain, avec, à la clé, la formation d’un gouvernement d’Union nationale et la nomination de Riek Machar au poste de Vice-président de la république, l’on se rend compte que la déclaration du Président Salva Kiir est venue remettre en cause, un accord, obtenu grâce à la facilitation et la pression exercée par la communauté internationale.

La seule manière de sauver la situation serait de renoncer à la création des trois zones administratives, objet d’une vive polémique entre le Président Salva Kiir et le chef rebelle Riek Machar, qui vivait en exil, depuis plusieurs années.

Il faut noter que peu après son indépendance en juin 2011, le Soudan du Sud est minée par une guerre civile qui a fait des milliers de morts et de blessés. Le contrôle des zones pétrolifères et des pâturages constitue l’enjeu majeur de cette guerre entre frères ennemis.