Démocratie rime avec sérénité c’est-à-dire passion maîtrisée et/ou sublimée. Les violences verbales, les diatribes, les insultes et autres dérives sont un trou infect qui ensevelit ceux qui en usent. Un vrai démocrate doit rester un gentleman en toutes circonstances.
Attitude louable du président sénégalais
C’est pourquoi, en toute objectivité, il faut louer l’attitude du président Macky Sall, toujours égal à lui-même, courtois, cohérent et conséquent. Tout le monde se souvient des attaques inqualifiables de l’ancien président Wade contre lui qui avaient soulever l’ire et l’indignation de tous les patriotes africains.Macky Sall, l’homme tout court est resté stoïc et n’a pas pipé mot. Il avait pourtant le droit et la force de l’Etat de droit avec lui et pouvait donc en user légalement. Il ne l’a pas fait et c’est tout à son honneur. Un homme d’Etat a de la tenue et de la retenue.
Les Sénégalais peuvent être fiers de leur président de la République qui depuis son avènement s’est montré digne et à la hauteur de sa fonction. Qu’il ait commis des erreurs, cela va de soi. Qqu’il ait fait des choix discutables, c’est évident. L’apprentissage de la vie dure…toute la vie. Le pouvoir n’y échappe pas.
C’est de ce point de vue qu’il faut examiner l’affaire de la non réduction du mandat présidentiel qui donne l’occasion aux opposants les plus cyniques de tirer à boulet rouges sur Macky Sall. C’est de bonne guerre politique, même si un peu de décence devrait prévaloir. Car la volonté et la sincérité de Macky Sall, sa bonne foi, sont réelles et authentiques. Voire sa naïveté politique car réduire un mandat présidentiel de son plein gré aurait été une première mondiale.
En cohérence avec ses propres déclarations
Après avoir critiqué le président sénégalais pour sa volte face,il aurait été plus juste,pour les opposants, même les plus durs, de reconnaître le courage de Macky Sall qui s’est adressé lui-même à son peuple pour assumer publiquement le choix de respecter l’avis rendu par le Conseil Constitutionnel. Il pouvait ne pas la faire et envoyer, par exemple, les membres du Conseil Constitutionnel annoncer leur propre choix.
Les opposants ne le créditent pas même de cet acte de responsabilité qui grandit l’homme d’Etat. Comme ils auraient pu apprécier à sa juste valeur sa décision de consulter le peuple par référendum, en courant le risque de soumettre à la vox populi. Ils se seraient hissés à son niveau ; mais ils ont opté pour un nihilisme douteux qui sape les fondements même de leur argumentation.
Quant au président Macky Sall, en cohérence avec ses propres déclarations, il prend les mesures légales nécessaires et les correctifs imposés par le Conseil Constitutionnel pour que le corps électoral convoqué puisse s’exprimer librement pendant le réferendum du 20 mars.
Cohérent ,le chef de l’Etat sénégalais est aussi conséquent car il ne fait pas dans le dilatoire et ne cèdent pas aux demandes de report d’opposants peu rigoureux et qui crient pour masquer leur faiblesse électorale. Pourtant cela aurait été beaucoup plus facile pour Macky Sall de faire passer ses propositions par la voie parlementaire.Son prédécesseur ne s’était pas gêné pour le faire même pour augmenter la durée du mandat,les 7 ans dont Macky Sall a hérité.
Convaincre les électeurs
Le choix des urnes est éminemment démocratique et met tous les acteurs politiques devant leurs responsabilités : aller sur le terrain et convaincre les électeurs.
Le problème est que beaucoup d’opposants et de néo-opposants font du bruit dans les médias dakarois parcequ’incapables de rassembler du monde. De ce point de vue des individualités comme Abdoul Mbaye,ancien premier ministre, Jacques Habib Sy, ancien coordonnateur du dernier Sommet de la Francophonie, Amsatou Sow Sidibé, ex-ministre-conseiller, Cheikh Tidiane Gadio, ex-ministre des Affaires étrangères, et Ibrahima Fall, ex-ministre des Affaires étrangères, brassent beaucoup de vent avec une représentativité très limitée.
Abdoul Mbaye ne s’est jamais présenté à aucune élection. Amsatou Sow Sidibé et Cheikh Tidiane Gadio ont été candidats à l’élection présidentielle de 2012 sans pouvoir obtenir un pour cent l’un et l’autre. Ibrahima Fall a lui franchi cette barre sans atteindre deux pour cent. Si on comprend sa hantise d’être rattrapé par la limite d’âge de soixante-quinze ans qui sera imposée en cas de victoire du « oui », on ne voit pas les raisons objectives qui expliquent son attitude hostile envers Macky Sall, ce depuis toujours.
Ce premier type d’opposants ne posent vraiment pas problème pour le régime contrairement aux autres comme Idrissa Seck, ancien premier ministre, Khalifa Sall, maire de Dakar, Abdoulaye Balde, maire de Ziguinchor, et Abdoulaye Wade, ancien président de la République.
Ceux-ci sont représentatifs et peuvent mobiliser du monde. Sans doute moins que Macky Sall et sa coalition Benno Bokk Yakaar (BBY) qui regroupe des ténors comme Moustapha Niasse, président de l’Assemblée nationale et leader de l’Alliance des Forces de Progrès(AFP) et Ousmane Tanor Dieng, secretaire général du parti socialiste (PS).
Un avant goût des Législatives de 2017
Le référendum du 20 mars est donc une excellente occasion pour situer le rapport de force avant les élections législatives de 2017.
Les opposants sont-ils prêts à en découdre démocratiquement ? Rien n’est moins sûr et ceci expliquerait les demandes insistantes de report.
Mais Macky Sall ne pouvait accéder à une telle demande après avoir fixé la date du référendum et s’être adressé publiquement au peuple.
Aux opposants de prendre leurs responsabilités et de jouer le jeu démocratique qui s’impose à tous.
N’étant ni prêts ni en mesure de rassembler les moyens pour mener une campagne efficace, les opposants comptent essentiellement sur une éventuelle « mauvaise humeur de l’opinion » pour espérer un vote-sanction. Il est vrai que la situation économique et sociale est difficile malgré des progrès notables réalisés depuis trois ans et des perspectives qui ouvrent un horizon d’espoir avec le Plan Sénégal émergent (PSE). La dynamique actuelle est favorable au régime surtout avec les découvertes confirmées de pétrole et de gaz dans le nord du pays.
Ensuite il y a que les propositions faites par le président reprennent bon nombre de celles de la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI) pour renforcer la démocratie et l’Etat de droit. Sur ce plan Macky Sall a tenu parole et on ne le dit pas assez.
En vérité il a de la bonne volonté, de la détermination et un patriotisme exigeant.
Une perche tendue au peuple
Il a malheureusement face à lui des opposants trop pressés comme c’est souvent le cas en Afrique où les enjeux de pouvoir sont plus complexes qu’ailleurs. Hors du pouvoir c’est le desert des Tartares et l’évanescence des rêves de grandeur, de carrière etc. C’est pourquoi ceux qui y ont goûté sont les opposants les plus outranciers jusqu’à ce qu’ils soient appelés et/ou nommés. Alors ils se métamorphosent et perdent toute crédibilité.
D’aucuns sont à l’affût en espérant que le référendum rebatte les cartes et qu’un remaniement leur offre des opportunités.
Mais les populations ont maintenant bien compris le jeu des uns et des autres. Le référendum tombe à pic pour leur permettre de s’exprimer haut et fort et en cela ils saisissent la perche tendue par le président en démocrate authentique.
Il y a de grandes chances que le « oui » l’emporte, mais il en est des élections démocratiques comme des compétitions sportives. Il y a toujours un suspense, « cette glorieuse incertitude » qui fait que rien n’est joué avant le 20 mars au soir.
MM.D.